Salon National du Livre de Chlef : Diversité, pluralité et quête de vérité
Organiser un salon national du livre pour la première fois à Chlef et dans un délai qui ne dépasse pas 5 semaines, dans un endroit qui n’est pas prêt à accueillir ce genre d’événements, dans une région où les températures excèdent les 44 °C en cette période de l’année et dont on dit la population peu portée sur la chose culturelle, est un immense défi que les éditions « Les Presses du Chélif » ont réussi à relever.

La proposition du directeur des éditions « Les Presses du Chélif », également directeur de la publication de l’hebdomadaire Le Chélif, d’organiser un salon national du livre à la fin du mois de juin a séduit plus d’un. Malgré les difficultés liées à la tenue de ce genre de manifestation en été dans une ville où la température atteint des cimes, tout le monde a adhéré au projet.
C’est ainsi que nous avons commencé par former l’équipe qui devait en charge l’aspect organisationnel et technique. Cette équipe est composée essentiellement d’étudiants universitaires, anciens membres du Club Littéraire de l’Étudiant Francophone, entre autres Adil Messaoudi, Alla Eddine Taleb et Meriem Farah Dadi. Elle est formée aussi d’anciens membres du groupe dénommé « Notre changement », à savoir Asma Aicha B. Nourine et Djawher Zairi, la « Algerian Model of United Nations », en l’occurrence Leyla Kherraz et d’autres jeunes éléments qui ont adhéré à la démarche. Citons El Hadj Messaoudi et Redhouane Youcef Achira qui ont été les chevilles ouvrières de cette manifestation.
Pour réussir la toute première édition du salon, ou plutôt l’édition « 0 » d’un événement de ce genre, il a été convenu de prendre en charge l’ensemble des exposants tant au plan de la restauration que de l’hébergement. Le principe étant que les participants ne dépensent aucun centime. Vu les modestes moyens de notre entreprise, qui a quand même réservé un budget conséquent pour financer une grosse partie des dépenses, il a été décidé de frapper aux portes des donateurs et surtout des sponsors de la région. Les premiers qui ont répondu présents sont l’école d’enseignement des langues « Noor Academy » de Chlef, le célèbre médecin généraliste, le Dr Mohamed Hadjem, le Dr Kamel Abazi d’Ouargla, l’entreprise de communication « Média Marketing » d’Alger et le laboratoire d’analyses médicales El Hikma.
L’enceinte du Centre Culturel Islamique de Chlef, où s’est déroulé l’événement, a été nettoyée de fond en comble dans le cadre d’un volontariat qui a mobilisé plusieurs personnes. Il faut dire que le CCI ne bénéficie pas d’un budget qui lui permet d’engager des dépenses pour la remise en état de ses lieux et dépendances ou encore engager le personnel adéquat en vue de son exploitation maximale pour diverses activités (réunions et rencontres politiques ou culturelles, festivités entrant dans le cadre de la célébration des fêtes nationales et cultuelles).
À ce propos, le wali de Chlef, qui a visité les lieux pour la première fois, s’est dit étonné de l’existence de ce lieu magnifique qui plus est situé en plein centre-ville. Nous avons idée qu’il ordonnera certainement la réhabilitation de ce joyau architectural dans les semaines à venir.
10 maisons d’édition et près de 40 auteurs
Pour la jeune équipe d’organisateurs, le défi était donc immense. Main dans la main, les frères Adil et El Hadj Messaoudi, avec l’aide de quelques employés du CCI, ont pu redonner âme à l’endroit qui nécessitait quelques coups de karcher et de pinceau. Quelques lampes, de la bâche dans les couloirs et un tapis sur les escaliers de l’entrée… Le dimanche 27 juin, à minuit, l’endroit était prêt pour accueillir les amis du livre.
Le premier jour, dès 8 h du matin, les maisons d’édition invitées ont commencé à agencer leurs livres sur de grandes tables que nous a prêtées aimablement la maison de jeunes de la nouvelle ville de Hay Bensouna. Les tables ont été recouvertes de housses rouges, couleur qui rappelle non seulement l’équipe locale de l’ASO mais aussi le journal et la maison d’édition « Les Presses du Chélif ».
À peine 9 h, tout était mis en place et le Salon a commencé à recevoir ses premiers visiteurs.
C’est le grand moudjahid Slimane Ghoul qui a foulé le premier le lieu, il s’était présenté avec ses deux ouvrages dès les premières minutes. Les membres du comité d’organisation et de nombreux visiteurs ont profité de sa présence pour des dédicaces de leurs exemplaires et prendre des photos pour immortaliser le moment.
Les participants à ce premier salon national du livre de Chlef sont les éditions BARZAKH, les éditions APIC, l’entreprise de livre Dz Reads « El Djazair Taqraa », les éditions BENHAMDA, la revue GHOMAIDA, les éditions FRANTZ FANON, les éditions Al-Maarifa, les éditions CHIHAB, les éditions BERTi, la librairie KHIATI, l’école de langues NOOR ACADEMY et la maison d’édition organisatrice de l’événement « Les Presses du Chélif »
Le long d’une allée, une vingtaine de tables a été réservée aux auteurs et écrivains qui se sont fait éditer à compte d’auteur. Les jeunes auteurs et écrivains arabophones étaient présents en force, la plus jeune ayant à peine 18 ans et déjà auteure de deux ouvrages.
Fidèles à leur démarche envers les enfants, les deux fondatrices de la revue enfantine « Goumaïda », en l’occurrence Nadjet Belabbes et Hanane Belmedioni, ont organisé tout au long du salon un atelier de dessin qu’elles ont animé et à l’issue duquel des prix ont été remis aux participants.
Des écrivains connus à l’échelle nationale comme M. Rabeh Sebaa, sociologue, enseignant à l’université d’Oran, et Ahmed Gasmia étaient présents au stand des éditions Frantz Fanon accompagnés du directeur M. Amar Ingrachen.
Le lancement officiel de l’événement a eu lieu le 28 juin dernier, à 10 h. C’est par Abdelhakim Youcef Achira, président du comité d’organisation, qui a prononcé l’allocution de bienvenue aux participants et aux visiteurs.
Mesures sanitaires strictes
La première rencontre-débat a été animée par M. Mohamed Koursi, écrivain et journaliste. Sous le thème « Le journalisme de proximité et l’enjeu des médias dans un environnement régional tensionnel », M. Koursi a su captiver son public qui a suivi sa conférence de bout en bout car les données qu’il a communiquées étaient des plus intéressantes.
Vers 14 h, le nombre de visiteurs a commencé à baisser, chose plus que normale vu la température très élevée que connaît Chlef en cette période. Les exposants en ont profité pour quelques moments de repos et de détente.
Les mesures sanitaires ont été respectées à la règle. Le gel hydroalcoolique et les masques ont été servis gratuitement aux visiteurs, sans distinction aucune. Plus de 800 unités ont été consommées le premier jour seulement. Signalons que ces masques ainsi que les flacons de gel ont été fournis au comité d’organisation par le Dr Sofiane Tahraoui, neurochirurgien et grand amateur de lecture.
Le deuxième jour était le véritable lancement du salon avec la présence des plumes très célèbres. On citera entre autres Mme Salima Mimoune et MM. Amar Bekhodja, Fateh Agrane, Mehdi Messaoudi, Djawed Rostom Touati et Aziz Mouats. Ce dernier a animé une conférence en plein air portant sur les événements du 20 août 1955 et les « enfumades » du Dahra, qui a été suivie par une vente- dédicace, ainsi que la visite du wali de Chlef qui a duré plus d’une heure. Le premier responsable de la wilaya s’est arrêté de tous les stands et a discuté parfois très longuement avec les participants et tendu l’oreille à tout le monde.
Le troisième jour a été marqué par la présence d’un public très nombreux venu rencontrer l’auteur et l’animateur de canal Algérie M. Djawad Rostom Touati, qui a animé un café littéraire autour de son dernier ouvrage « La scène et l’histoire ».
Le grand écrivain M. Amine Zaoui a quant à lui animé une conférence où il a évoqué, notamment, la tolérance, l’acceptation de l’autre et la nécessité du plurilinguisme en Algérie. Signalons que M. Zaoui s’est fait un honneur de saluer et de s’entretenir avec tous les auteurs présents à ce salon.
Le cycle de conférences a été clôturé par l’intervention de l’enfant de Chlef, M. Maamar AISSANI, qui a abordé le thème : « L’écrivain entre l’idéologie et la tendance ».
Cette manifestation a vu la présence de plus de 4 000 visiteurs venus s’enquérir des nouveautés littéraires, le livre d’enfant et les ouvrages scientifiques, techniques et spécialisés.
Adel Hakim
Journaliste, Chroniqueur.