Quelle culture inculquons-nous à nos enfants ?
Une nation sans un patrimoine culturel authentique n’est qu’un groupe d’individus dont la vie intellectuelle se fonde sur des références peu fiables qui proviennent d’ailleurs. L’appartenance, l’identité et la personnalité ne s’affirment palpablement que lorsque l’individu revient à ses origines pour s’abreuver de tout ce que ses aïeux lui ont légué. C’est là où réside la quintessence de la mystérieuse diversité qui caractérise les sociétés du monde.

Quand nous avons la ferme intention d’élever et éduquer une génération selon ce qu’édictent nos principes de base, nos traditions et nos us et coutumes, nous serons invraisemblablement appelés à faire preuve de maturité et de sagesse en tenant compte de l’époque actuelle et de l’époque où cette génération tiendra les rênes de sa propre société en guise de relève. Cela se traduit par un mode d’éducation, certes constitué de tout ce qui a trait aux origines et aux legs des ancêtres, mais convenablement adapté à tout ce qu’on vit de nos jours sans exception aucune pour que cette génération se dote d’un esprit pénétrant capable de lui éclairer le chemin tout au long de son existence quelle que soit l’ère et quelles que soient les circonstances. Ce n’est plus une chimère. C’est une vérité évidente étant donné que bon nombre de parents ont réussi de plus belle à le faire. Ils se sont donnés à fond pour inculquer à leur progéniture les plus intrinsèques des vertus qui puissent exister en confrontant témérairement tous genres d’embûches venues de l’extérieur. Ils sont arrivés à déjouer tous les pièges qui leur avaient été tendus malicieusement par des mains invisibles. Ces haineux pièges se présentaient le plus souvent sous les formes les plus bénignes rien que pour tromper la vigilance de tout père de famille averti. Le but était de provoquer la dissolution des mœurs de façon graduelle sans écho retentissant. Cela ne remonte pas à une époque lointaine, il s’agit des deux dernières décennies où la féroce campagne de déracinement menée par des puissances étrangères battait son plein. Au début des années 2000, quand j’étais un écolier innocent, j’entendais souvent mes enseignants converser à propos de ce sujet. Je ne comprenais pas bien ce qu’ils disaient. Cependant, les paroles de l’un d’entre eux sont restées ancrées dans ma mémoire. Il disait : » Il serait impossible de continuer sur cette même lancée, et ceux qui défendent leur culture et le caractère conservateur de leur vie finiraient par se désister et donner libre cours à cette nouvelle forme de colonisation « . Finalement, il a eu parfaitement raison.
Il n’est point hideux que nos enfants aient une éducation traditionnelle stricte et conforme aux plus nobles valeurs de la morale. Au contraire, c’est tout à fait ordinaire et essentiel pour contrecarrer ces mauvaises mœurs, nouvellement apparues, qui ne cessent d’enlaidir notre paysage communautaire basé sur l’entraide, la solidarité, le conservatisme modéré et le respect mutuel. Il est même essentiel que notre nation ait recours à ses précieux acquis culturels en leur qualité de source intarissable en terme de principes nécessaires à une conduite humaine idéale vu leur provenance qui atteste d’une pureté sans faille. Néanmoins, il existe des gens qui optent pour une éducation à l’européenne où la discipline laïque et la fausse et mal interprétée émancipation de la femme sont infailliblement et assidûment défendues. Ils voient en notre culture » un certain dogme rigide qui oblige l’individu à obéir aux ordres sans manifester la moindre opposition. Mais nous savons tous que notre façon d’élever nos enfants n’a rien de commun avec un quelconque dogmatisme. Nous veillons juste à ce que nos enfants reçoivent une meilleure éducation loin des étranges habitudes n’ayant aucune relation avec notre société.
En réalité, ces gens-là ont tort et leurs théories et jugements reflètent seulement une conviction démesurée longtemps nourrie par un émerveillement devant une façade soigneusement enjôlée dont se sert l’Occident pour nous leurrer. Cette vision réductrice vis-à-vis de notre héritage culturel ne peut en aucune façon nous décourager et nous pousser à renoncer à notre combat identitaire.
Notre culture a besoin d’être considérée et promue !
Il est reconnu que ceux qui ne montent pas sur les épaules de leurs ancêtres ne verront pas un bon avenir. Ce ne sont plus des paroles en l’air et vides de sens car les expériences vécues nous prouvent la véracité infinie de ce jugement. Mais il suffit juste de se mettre face à un petit aperçu sur l’histoire de la nation durant la première moitié du siècle passé où nos valeureux Abdelhamid Ibn Badis, Cheikh Larbi Tebessi, Mohammed El Bachir Al Ibrahimi, Mohammed Laïd Al-Khalifa et bien d’autres, ont pu s’opposer à un régime colonial fort de son armée à la fois professionnelle et gigantesque et de son omnipotence sur le concret et l’abstrait en Algérie. Ils ont tout exploré pour éveiller et sensibiliser le peuple algérien pour ensuite l’armer de savoir et de courage. Ces grands hommes ont fait de la plume une arme fatale pour combattre l’esclavagisme et les cruels génocides commis à l’égard d’un peuple innocent. Grâce à leurs ouvrages, les algériens commençaient à prendre conscience de l’oppression qu’ils enduraient et du joug colonial qui les privaient de leurs droits les plus élémentaires. Dès lors, des récits et des poèmes à caractère nationaliste foisonnaient pour ne laisser plus aucune chance à la machine coloniale destructive de se ressaisir et redéfinir son crédo. Ces actes de bravoure et d’implication sincère ont conduit nos ancêtres à se réunir autour d’une seule et unique cause pour que le pays reprenne son indépendance et sa souveraineté. N’y a-t-il pas ici une myriade de leçons à retenir ?
Nous nous retrouvons dans une position qui nous contraint à assumer une responsabilité des plus harassantes. Il s’agit de la préservation de notre patrimoine culturel avec ce qu’il porte comme originalités reflétant l’ensemble des étapes historiques parcourues par les prodiges de notre patrie dans l’objectif de garantir un avenir meilleur aux générations futures. Nous sommes tenus de diriger, autant que possible, nos enfants droit vers l’exploration de ces acquis en leur expliquant que cette démarche est incontournable pour se protéger des » prédateurs » qui veulent coûte que coûte les déraciner de leurs origines pour enfin s’emparer des richesses incommensurables que leur pays recèle. Il va falloir conjuguer nos efforts pour rendre nos chances de succès plus réelles. Nous pouvons, à titre d’exemple, exhorter les autorités publiques à mettre en place un certain nombre d’organismes régionaux qui auront pour mission d’organiser systématiquement des rencontres dédiées à attirer l’attention des citoyens sur l’importance de rester unis et attachés à notre culture. L’accompagnement de la jeunesse devra s’effectuer intelligemment à travers la distribution des tracts et des prospectus portant sur les bienfaits moraux et spirituels qu’une identité nationale, bâtie sur une entité culturelle et intellectuelle homogène et indivisible, peut générer. La nature humaine a souvent tendance à puiser dans le passé pour mieux se reconnaître. Donc, il serait de bon aloi d’en profiter pour ressusciter la quête de soi chez nos concitoyens.
Farouk AFOUNAS