Que peut la littérature algérienne pour sa société ?
Nous nous sommes souvent posé la question : qu’est-ce que la littérature ? Ou bien à quoi sert la littérature ? Ou encore, que peut la littérature pour sa société ? Tant de questions pour un seul concept.

La définition la plus courante de la littérature est la suivante : un art qui use des mots comme moyen d’expression. En partant de cette définition, posons-nous la question suivante : comment cet art peut-il se transformer en une arme de défense ?
En Algérie, depuis l’époque coloniale, les hommes de lettres ont eu un rôle important en la cause de leur pays. En remontant un peu plus loin, et avant même les années 1930, il existait déjà ce que les spécialistes nomment : une pré-littérature. Celle-ci, écrite par des auteurs algériens musulmans, mais qui ne pouvaient être connus par un large public, puisque la possession française n’avait pas atteint sa puberté intellectuelle. Nous citons à titre d’exemple : Ahmed Mustapha Goumier ou Alkader Hadj Hamou. Tous avaient le même but, qui était : transmettre leurs malaises et leurs préoccupations.
Au fil des années, nous assisterons à une abondante production littéraire algérienne. En effet, des écrivains contemporains vont dans le même sillon que leurs ainés afin de raconter leur société. Rappelons qu’un document littéraire relatant un vécu d’une société, peut faire office de document historique.
Ainsi, les pionniers tels que : Mouloud Feraoun, Mohamed Dib ou Mouloud Maamri, ont fait découvrir leur société à l’Autre. Parlant des coutumes et des traditions, mais aussi, de l’injustice qui battait sur leur pays et des faits historiques de cette époque. Mais, après l’époque coloniale et lors de la période post indépendance, l’Algérie connaîtra un autre événement historique indélébile qui marquera au feu rouge toute la société, et cela, jusqu’à nos jours. En effet, la décennie noire qu’est une sorte de croisement de guerre civile et de petite guerre inspirée de la précédente fera couler autant d’encre que la guerre de la libération nationale.
Des écrivains nouveaux tels que : Boualem Sensal, Tahar Djaout, Maissa Bey ou encore Anouar Benmalek, useront de leur plume et écriront dans l’urgence les horreurs vécus par des millions d’Algériens des années 1990.
Trente ans après, en 2019 ; l’Algérie, terre des révolutions, connaîtra un nouvel événement historique. Il s’agit d’un soulèvement populaire qui durera des mois, revendiquant un changement radical du régime politique nommé le Hirak, celui-ci, à son tour inspirera des écrivains et poètes pour cette fois-ci, des ouvrages collectifs.
Il est vrai que la littérature francophone en Algérie, occupe une place aussi importante qu’ambiguë de par sa charge historique. Néanmoins, cette dernière, a toujours œuvré dans la transmission générationnelle, afin de créer un mémoriel, une collectivité et un ensemble dans lequel ; bon nombre de citoyens algériens peuvent se reconnaître.
Que peut la littérature pour sa société ? Peut-être bien que la question reste suspendue. Toutefois, nous dirons que la littérature éduque et instruit une société. Elle est un art, mais aussi est une arme de défense, elle prédit l’avenir en s’inspirant du passé et en puisant dedans. Elle permet de voyager et de connaître une société nouvelle. À travers le modelage des mots, on peut faire et défaire. Construire et transformer, et c’est à ce moment-là que le génie de l’auteur apparaît afin de véhiculer un mythe personnel et de le rendre collectif.
Marwa Larbi Benhora,
Doctorante en sciences des textes littéraires,Université Blida II
maritalarbiben@gmail.com
Chronique parue dans la première édition de Trait-d’Union magazine.
Lisez Trait-d’Union magazine 1 : traitdunionmagazine.com/numeros/tu1/
Marwa LARBI BENHORA