Trait-d'Union Magazine

Points de rencontres : Quand le tissage renoue avec le patrimoine

Le tissage de la laine en Tunisie remonte au néolithique.

Selon certains spécialistes, la tradition du tissage et du tapis de laine serait née à Gafsa pour s’étendre à toute la Méditerranée. La région de Gafsa a perpétué cette tradition et jusqu’à une cinquantaine d’année, le commerce des couvertures et tapis de Gafsa était très prospère.

Aujourd’hui, la situation se dégrade : la relève des artisans n’est pas assurée et la commercialisation est problématique.

La Tunisie est un petit pays qui a été traversé par de nombreuses influences. Chaque région a aussi ses particularités et, de village en village, son tissage, sa broderie, son « point » caractéristique. Autrefois, une mère se devait de transmettre à sa fille ce patrimoine immatériel.

Pour plusieurs raisons, cette transmission ne s’opère plus.

Toutefois, aujourd’hui, en cette Tunisie si riche de son patrimoine textile, de jeunes entrepreneures semblent croire à nouveau en l’avenir du produit tissé et depuis la révolution un « retour aux sources « identitaire » s’est fait jour. De nombreux artistes se sont intéressés à l’artisanat de qualité ce qui a donné lieu à une révolution, celle des concept-store qui se sont répandus sur tout le pays à grande vitesse.

BARAA x MUSK AND AMBER

Lamia Bousnina Ben Ayed reçoit dans sa galerie Musk and Amber aux berges du Lac en maîtresse de maison attentive. Si chaque exposition est différente d’une autre et nous emmène dans des univers très différents, la beauté est toujours au rendez-vous. Elle dit : « Il y a quelques années, après un parcours académique et professionnel à travers lequel je n’ai pas cessé de chercher ce qui me tenait le plus à cœur, à savoir cette soif insatiable de faire communiquer les cultures, les sensibilités, les civilisations, le projet de Musk and Amber s’est imposée à moi comme une évidence ». C’est le hasard du calendrier qui a vu se succéder dans le showroom deux artistes et créatrices et à travers celui-ci les artisanes de Tunisie. On lui a même demandé « tu te reconvertis ? », elle qui avait déjà organisé dans son showroom des présentations de capsules de Anissa Aïda, jeune fashion designer tunisienne.

Lamia Bousnina Ben Ayed avait prévu de présenter la collection estivale de BARAA x MUSK AND AMBER en juin en transformant son espace en plage de bord de mer avec ambiance estivale mais le confinement en a décidé autrement : c’est dans un cadre très sobre que BARAA est présentée en septembre. « Je tisse pour vous » est un plaidoyer pour un savoir-faire sublimé. BARAA Boubaker Guillou est convaincue que pour faire perdurer et revisiter le savoir-faire ancestral il faut encourager les artisans et les artisanes, « épine dorsale du tissage en Tunisie », pour la citer.  Elle dit : « La Tunisie est le pays du tissage par excellence, qu’il soit artisanal ou industriel. L’artisanat emploie plus de 350 mille professionnels. A mon niveau, j’ai utilisé tous types de tissages avec des métiers à tissage vertical et horizontal ». Baraa, qui signifie « innocence », offre une mode durable, onirique et sincère, un vestiaire mixte pour des êtres libres et surtout un éloge à la Méditerranée. Baraa Boubaker Gouillou rêvait de valoriser le savoir-faire tunisien pour offrir un vestiaire intemporel empreint d’une fraicheur contemporaine. Sa marque voit le jour en 2009 et la créatrice se concentre sur le tissage du Hayek de Kairouan, en étamine de laine ainsi que sur le lin. Elle décide d’utiliser des tissages traditionnels aux rendus souples et plein de douceur, faire revivre des teintures naturelles, des coupes permettant à toutes les silhouettes de se mouvoir librement et de vivre la Méditerranée au quotidien de manière élégante et dégagée. Cette vision d’une mode durable et éthique lui ouvre les portes de prestigieuses maisons qui lui demandent des collections exclusives. Ses lins relevés de cuirs, ses ajourages que l’on pratiquait il y a encore trois générations et que l’on enseignait aux futures jeunes mariées se retrouvent dans ses créations. La « Maison by BARAA » est un retour aux parements de nos intérieurs : rideaux, jetés, plaids et coussins renouvellent les ambiances en donnant la sensation de retrouver un lieu authentique.

Ce qu’il faut retenir, au-delà de la success-story c’est que Baraa chérit le travail des artisans et des artisanes tunisiennes, derniers récipiendaires d’un savoir-faire ancestral. C’est sur ces derniers qu’elle s’appuie mais elle n’hésite pas à faire appel aux industriels tunisiens pour traiter les matériaux qui ne sont pas dans le circuit artisanal, comme le travail du cuir pour les vêtements ou pour les coussins. Elle a un projet de centre de tissage à Kelibia. Oui, le Tunisie est « le pays du tissage par excellence ».

BARAA x MUSK AND AMBER

Latifa Hizem et NAKSHA

Latifa Hizem a eu plusieurs vies dans une vie mais elle suit le fil de sa passion : le patrimoine textile.

C’est avec une démarche similaire à celle d’une anthropologue qu’elle se met en 2010 à sillonner toute la Tunisie en en parcourant villes et villages pour y recenser des savoir-faire artisanaux et une multitude de richesses immatérielles soit insoupçonnées soit délaissées au profit de productions industrielles plus rentables. Dès lors, elle s’inquiète de voir cet héritage si particulier à chaque région de Tunisie disparaître et laisser la place à une folklorisation facile dont on ignorera au bout du compte les origines.

Latifa Hizem en parcourant le pays fait des rencontres magiques, généreuses et passionnantes. Elle est aussi, très probablement, inspirée par cette tradition selon laquelle le savoir-faire ancestral se transmet de mère en fille. Elle devient en quelque sorte et inconsciemment, la fille-légataire de toutes les artisanes dont elle croise le chemin. Elle créera la marque ASHKAN dont le sens est « passionnément » qui allie tradition et modernité en 2016. Elle collabore avec la Fondation Rambourg sur l’exposition événement, intitulée « l’éveil d’une nation ». Elle fond en larmes lorsqu’elle voit l’état des habits beylicaux réduits à l’état de guenilles alors qu’ils sont placés sous la responsabilité de l’Institut National du Patrimoine. Elle réalise alors une collection capsule inspirée de l’époque beylicale et de ses fastes en Tunisie et met en place la boutique du musée dans laquelle les visiteurs peuvent prolonger de façon créative et originale leur expérience de l’exposition.

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En créant ASHKAN au sein d’un groupe industriel elle inaugurait son premier concept-store aux Berges du Lac 2. Le succès a été immédiat et nombreuses sont les femmes qui se sont appropriées avec cette fierté du sentiment du « retour aux sources » cette première collection d’artisanat chic et revisité. Suivra la boutique de Hammamet, à Bab Errahma, au coin d’une ruelle pavée, avec une scénographie soignée. Tunisiens et étrangers s’y bousculaient. Ahkan store c’était la promotion de la création tunisienne et l’Association pour l’Accès au Financement et à la Compétitivité de l’Artisanat Rural (AAFCAR) exposait également dans le concept store qui organisait des événements autour du savoir-faire tunisien de qualité. Elle dit : « Pour moi, apposer l’étiquette made in Tunisia » sur mon produit, c’est un acte de patriotisme ! »

NAKSHA , créée après la disparition de ASHKAN est un mot polysémique : « ciselage , beau travail ) une marque originale dont l’ambition ultime est de faire voyager, à travers ses créations  tissées (tableaux, jetés, chaussons, tenues …) l’Histoire, les histoires qui la font, la force de vie et la passion de tout un peuple traversé par plusieurs civilisations durant plusieurs millénaires et aux singularités multiples. Latifa les porte aussi, telle cette veste –cape en haïk noir-bleu, ou les expose, comme les portraits encadrés de femmes artisanes intitulés « soleils du monde ».

Latifa Hizem est intarissable lorsqu’il s’agit de patrimoine textile : elle est une grande collectionneuse et peut parler des heures des « hrems », les voiles que les mariées se devaient de fabriquer elle-même.

Désormais, elle crée des séries limitées qui racontent des histoires de vie.

NAKSHA x MUSK AND AMBER, exposé en décembre 2020 est une collection qui nous raconte nos origines et nous prédit notre avenir.

AAFCAR est une association pour l’accès au financement et à la compétitivité de l’artisanat rural. À sa tête, ses membres fondatrices Catherine Gobbi et Héla Annabi, architectes, se proposent de pérenniser les techniques artisanales ancestrales et de garantir leur valorisation par l’utilisation de matières premières naturelles et durables tunisiennes. Elles plaident en faveur de l’émergence d’un tissu micro entrepreneurial socialement responsable et équitable en matière d’égalité des chances. Elles ont pour but de faire revivre des métiers en voie de disparition par la transmission des savoirs et savoir-faire aux générations futures. Ainsi, AAFCAR contribue -t-elle à la consolidation du patrimoine culturel tunisien. Et puis c’est la bataille ultime de toutes ces créatrices : il s’agit d’ancrer chez les artisanes et artisans les valeurs d’estime de soi et de réappropriation de leur propre identité culturelle.

AAFCAR incite au voyage !  C’est souvent en découvrant un produit que l’on va vers sa région. C’est aussi une des missions de l’association : impulser un tourisme du terroir en vue d’un développement économique des régions. Les produits sont divers (poteries de Sejnane, cuivre de Kairouan, laine keffoise, Alfa de Sbeïtla et de Kasserine mais toujours caractéristiques d’une région).

Une collaboration avec la boutique « artisans » au mall of Sousse, nouvellement ouvert démontre qu’il y a de la demande pour l’authentique.

La devise d’AAFCAR est « un artisanat, des savoir-faire, une solidarité ».

De solidarité, parlons- en : pendant le confinement mars 2019, Latifa Hizem et AAFCAR ont mis en place une chaîne de solidarité pour aider les artisanes : elles ont fait confectionner des masques dont le produit allait aux petites mains dans le besoin, dans les régions.

Hella Annabi dit : « grâce à AAFCAR une dynamique s’est créée notamment au niveau du tissage de l’alfa : il n’y avait personne qui personne qui s’occupait de ce tissage si particulier à Kasserine et Sbeïtla. Désormais, outre des dessous de plats, plats objets décoratifs, l’alfa est incorporé à des tissages en étamine de laine kairouanais, tapis, coussins… »

NAKSHA x MUSK AND AMBER

Fatma Samette et KERKENATISS

Il y a trente ans, Fatma Samette artiste plasticienne réalisait un pari fou : faire revivre le patrimoine textile de kerkennah. L’archipel est particulier, situé au large de Sfax, à deux heures et quart de bac. Il est long de 42 km et sa largeur ne dépasse pas les 10 km. Autrement dit, il est minuscule. Ajoutez à cela une très faible densité géographique (quinze-mille habitants) et pas de transport en commun. Pourtant tout le monde se connaît – ou se déteste. Et ses tissages sont multiples et uniques.  Les fils utilisés portent des noms spécifiques tels que : cannetille, jaseron, ou filé. Chacun de ces fils nécessite une technique de travail différente. Le point de kerkennah est un point compté sur une étoffe. Outre le géométrique point de croix bi-coloré kerkennien, réalisé sur plusieurs étoffes, la laine, le coton, le lin ainsi que la broderie anglaise et la dentelle sont des spécialités de l’archipel. Le métier se perdait et pour réaliser une pièce, il fallait aller courir d’un village à l’autre.

Fatma Samette achète un entrepôt à Ouled Kacem pour regrouper les actrices (tisseuse, brodeuses, fileuses) et crée sa marque, Kerkenatiss. Créer un lieu où pouvaient se rassembler toutes ces compétences était un grand pas en avant. Organiser un réseau en était un autre et c’est chose faite aujourd’hui. Kerkenatisss est organisé telle une toile où chaque artisane travaille séparément et converge vers un but : la pièce accomplie. Pour le tissage, elle a deux têtes de réseau, ainsi que pour la couture. Les productions de kerkennatiss sont multiples : tapis aux points brevetés, nappes, parures et jetés, des hrems des écharpes, des tenues, principalement du prêt à porter, pour être porté tous les jours … Fatma Samette est une encyclopédie intarissable sur le tissage et le savoir-faire de son archipel. Ecrire un livre sur la richesse du patrimoine textile de Kerkennah est son projet.

On ne peut que saluer l’engagement de toutes ces créatrices qui véhiculent au-delà des clichés une image plus juste de leur patrimoine, en le renouvelant, le revisitant, le magnifiant. Ces initiatives, qui sont féminines, mettent en lumière une des caractéristiques de la Tunisie depuis Elyssa, la fondatrice de Carthage : les femmes y jouent un rôle social, économique et culturel hors du commun.

Laissons la poésie parler d’elle-même :

Quand, en ces temps incertains, dessiner s’impose et devient vital Quand une étoffe de soie et un fil d’argent nous font voyager Quand, irrésistiblement, nous mettons de la couleur sur nos passions Quand, soudain, nos perceptions revêtent une subtilité d’orfèvrerie Alors, la Vie elle-même s’élève, prend de l’ampleur et de la légèreté Pour se raconter, pour raconter une histoire de Femmes … Ces Femmes qui façonnent des poteries d’art, tissent lainage et soierie, Brodent des rêves d’antan sur nos souvenirs d’enfance, Sculptent, drapent, pétrissent et ornent Argile, or, cuivre, terre, argent, fils, nacre, roseaux Et redonnent aux matins ce goût unique du pain de nos grands-mères Ancré dans nos mémoires… Toutes ces Femmes qui, au quotidien, font naître de leurs mains Les secrets de l’émerveillement de la Vie… Femmes courage, Femmes indépendantes, Femmes rurales, Femmes artisanes, Femmes artistes, Femmes créatrices, Femmes mères, Toutes les Femmes que sont les Femmes de mon pays… 

Latifa Hizem (décembre 2020)

Par Edia LESAGE

Hédia Lesage a été conseillère des services publics au Ministère des Finances en Tunisie, chargée du budget des ministères de la Culture et de la Jeunesse et de l’Enfance. Elle a ensuite été chargée de la programmation budgétaire à l’Institut National du Patrimoine.

Aujourd’hui enseignante, elle continue à agir dans le domaine culturel et en relaie l’actualité en écrivant des chroniques et des articles dans diverses revues, qu’elles soient en ligne (Transverse, Ideo magazine, 1001 Tunisie, Highlights) ou sur papier (Femmes de Tunisie, Maisons de Tunisie, IDDco).

Auteur

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Directeur de la publication de Trait-d’Union magazine. Membre fondateur, Ex-président et actuel SG du CLEF Club Littéraire de l’Étudiant Francophone de l’université de Chlef. Journaliste et chroniqueur à L’hebdomadaire LE CHÉLIF. Membre du jury étudiant du Prix Goncourt choix de l'Algérie 1ère édition. Enseignant vacataire au département de français UHBC.

Ana Hiya !

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Cette mer est la mienne

La mer était toujours la solution !
Dans un paradoxe, de ce qu’est la mer pour nous, les peuples au-delà des mers, elle était toujours la solution !
Nous appartenons à ces mers et elles nous appartiennent … Quand tu t’enfuis vers elle, tu veux la vie, elle t’offre la vie.
Quand tu t’enfuis vers la mer pour une mort désirée, elle te guide vers la mort.

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

La littérature féminine d’expression Kabyle, rempart de la langue maternelle

Le paysage littéraire dans notre pays est en évolution permanente. Telle une prise de conscience, la femme s’est investie pleinement dans la production et œuvre ainsi à son essor. Cependant, ces dix dernières années, la littérature d’expression kabyle a connu une effervescence remarquable, particulièrement, avec l’émergence d’un nombre de plus en plus croissant d’auteures-femmes de romans écrits en leur langue maternelle, la langue chère à Mouloud Mammeri, Tamazight. Elles sont nombreuses, elles se comptent par dizaine, aux parcours et styles différents. Elles ont toutes cette chose en commun : l’envie d’écrire en sa langue maternelle !
« Ma langue chérie, je n’ai pu raconter l’histoire que par toi et je n’ai pu reconnaitre les choses que par tes mots ; je ne me suis réjouie avec les sens du parler que par tes dires, je m’aventure comme je veux et jamais je ne suis tombée dans le vide. Je n’ai pu prouver avec exactitude mon idée que par ta richesse et par la force de tes mots. », écrit Farida Sahoui, en s’adressant à sa langue maternelle dans l’un des chapitre de son livre écrit sur le Roi Jugurtha en trois langues (français, arabe, tamazight). A son compte trois livre depuis qu’elle a renoué avec sa plume en 2015. En effet, ses premiers écrits en Tamazight remontent aux années 90, des articles publiés dans le journal « Le Pays » (Tamurt).

Femmes du Maghreb, comme si cela datera d’aujourd’hui…

Il y a dans l’histoire de l’Humanité une vérité cachée qui n’est connue que par les avertis et les prévoyants. Ceux-là mêmes qui ne se laissent pas griser par les artifices de la « marchandisation » du monde. Mais cette vérité, quand bien même est altérée, voir muselée par les partisans du statuquo, ne saurait rester à jamais occultée. Et viendra le jour…

Un Cœur Exilé

Si les dernières années ont vu un vent de liberté souffler sur l’Algérie, une revendication cruciale peine à s’y faire accepter, comme un cheveu déposé sur la soupe du consensus : la question des droits des femmes semble éternellement problématique. Face à cette stagnation rageante, il est capital de continuer le combat afin d’améliorer la condition de la femme dans notre pays et au-delà.

Le pardon, la grâce des mères

En France les féminicides sont devenus une banalité médiatique. En écoutant la litanie des statistiques, je ne peux m’empêcher de revenir à mon enfance, et à ce sinistre jour bien particulier. Les souvenirs sont parfois aussi douloureux que les actes.

Ce qui reste de l’hiver

Longtemps, j’ai mis ma plus belle robe pour accueillir le 8 mars. Je me fardais avec subtilité, comme je sais si bien le faire, lâchais mes cheveux, mettais un manteau et des chaussures assortis et allais rejoindre deux ou trois copines pour un après-midi shopping, un café ou, parfois, un film à la Maison de la Culture. Je sais, vous trouvez ça ridicule, et peut-être que vous avez raison. Mais quand vous travaillez debout, du matin jusqu’au soir, tous les jours que Dieu fait, que vous devez supporter une marmaille d’enfants qui s’amusent ou se chamaillent pendant que vous vous tuez à leur expliquer le sens de telle phrase ou la moralité de tel texte, et que, une fois rentrée chez vous, vous devez vous occuper de deux mâles paresseux – votre mari et votre fils – eh bien, croyez-moi, vous guettez le moindre moment de détente. Quand, en dehors du 08 mars, ai-je le temps de voir mes amies ou d’aller à un gala ? Alors, pourquoi ne pas en profiter, mon Dieu ? C’est ce que je me suis dit pendant des années.

ROUGE IMPURE

Sang de mes menstrues. Sang de mes entrailles. دم الحيض. Sang cyclique. Sang impur, de la fille devenue femme. Femme-diablesse. Folle fieffée. Femme pécheresse. Âsiyah ! Ya latif, ya latif ! En ce premier jour de l’écoulement de mes menstrues, je serai confinée dans la pièce de mes supplices éternels, loin de l’odeur capiteuse du […]


« Ana Hiya » La Femme Maghrébine Droit Dans Les Yeux

Numéros Spéciaux

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Comment je suis devenue vélotaffeuse à Tunis…

« Comment réagiriez-vous si je venais enseigner à l’université à vélo ? ». Une question que j’ai posée il y a 9 ans, plus précisément en septembre 2011, à mes étudiants tunisiens au début de l’année universitaire. Moi, qui revenais définitivement m’installer en Tunisie après une expérience professionnelle en France où j’avais pris l’habitude d’aller enseigner à […]

Femmes de Kroumirie

La Kroumirie, est une région montagneuse du Maghreb, Située dans le nord-ouest de la Tunisie. N’est en pas une division administrative, son paysage géographique rend ses contours aisément identifiables, elle tient son nom des Kroumirs (peuple qui y vivait traditionnellement), d’un point de vue ethnique, les Kroumirs sont proches des Algériens du nord-est, voire des Kabyles.


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