Trait-d'Union Magazine

Philosophie de l’éducation selon Sigmund Freud : pour une approche psychanalytique. *Par N. BENDERDOUCH

L’éducation se conçoit comme la science fondamentale qui s’intéresse à l’étude de l’homme et son rapport avec la nature. Le concept de personnalité de base est défini, comme le montre Kardiner, selon des critères mentaux et psychologiques qui permettent de déterminer le type de relations que l’individu entretient avec son milieu. L’évolution de l’être humain se distingue radicalement de celle de l’animal en ce sens qu’il se soumet à des forces extérieures qui le rendent plus rigide. La conception freudienne stipule que la psychanalyse se trouve toujours au service de la pédagogie en partant du principe que la première discipline pourrait s’appliquer parfaitement à la deuxième. Ces deux pratiques ont pour principal objectif la mise en œuvre d’un ensemble de procédés et de techniques favorisant un apprentissage dynamique et rentable. De ce fait, l’éducation psychanalytique demeure utile pour l’être humain vu qu’elle mobilise tous les mécanismes qui contribuent à son confort intellectuel. Elle porte aussi une attention particulière à sa santé mentale qui constitue son point de gravitation et tente de trouver remède aux problèmes pathologiques qui s’y rapportent. Dans cette optique, en quoi la psychanalyse permet-elle d’enrichir et d’élargir le champ de l’éducation ?

  1. La pédagogie psychanalytique de Sigmund Freud

On doit l’invention de la psychanalyse au chercheur autrichien Sigmund Freud qui s’est efforcé de créer une technique curative pour comprendre et analyser la vie psychique de l’homme. Appelé « le père de la psychanalyse », Freud a utilisé plusieurs sortes de thérapies pour soigner ses patients souffrant de troubles différents : psychanalyse thérapeutique, hypnose et remue-méninges. Comme science humaine, l’objectif de la psychanalyse est la recherche de l’origine des maux qui se concrétisent en plusieurs syndromes. Dans sa vie, l’être humain sera confronté à des chocs ou traumatismes provenant du monde extérieur. Freud s’est intéressé plus particulièrement à la manière d’expurger ses chocs tout en gardant à l’esprit que le système psychique comporte deux instances essentielles : l’inconscient et le triptyque Cà, surmoi et moi. Pour mieux expliquer cette topique, on se réfère à l’exemple de l’injection faite à Irma qui désigne un rêve raconté souvent par Sigmund Freud et qui sert de base à la méthode d’interprétation des rêves. Il le fit la nuit du 23 au 24 juillet 1987. En auscultant une femme appelée Irma, il a dépisté une infection dans sa bouche. Deux amis Otta et Léopold décidèrent de lui faire une injection :

« Freud adresse un rêve à la communauté scientifique, rêve polyphonique qui s’épanouit dans l’espace onirique commun et partagé des psychanalystes, dirait René Kaës  « L’injection faite à Irma » occupe une place de choix dans L’interprétation des rêves, le chapitre II dans son intégralité consacré à la méthode d’interprétation. C’est un rêve princeps qui court tout au long du livre et qui, s’il inaugurait la théorie freudienne du rêve, inaugurait en son temps, à partir de la nuit du 23 au 24 juillet 1895, une longue série de rêves à venir d’une grande importance pour son auteur. Il est indiqué dans les lettres que Freud échange avec W. Fliess, et pourtant nous ne le comptons pas parmi les rêves de l’autoanalyse » (Robert Colin, 65 : 2007).

En interprétant profondément ce rêve, le psychanalyste tâche de répondre à certaines questions qui suscitent la réflexion : d’où viennent les rêves ? Quelles intentions dissimulent-ils ? Ce concept fondamental a été évoqué en littérature psychanalytique et en théorie mimétique initiée par René Gérard. Voici quelques concepts freudiens qui décrivent les réactions, les désirs inconscients et/ou inconscients de l’être humain dans des situations variées :

Acte manqué : toute erreur commise par l’être humain est véhiculaire de sens. Elle cache une intention particulière et inconsciente.

Association libre : le malade raconte et donne libre cours à ses idées sans être censuré moralement.

Complexe d’Œdipe : l’enfant manifeste une certaine attirance pour le parent du sexe contraire.

Lapsus : est une erreur ou un acte manqué qui consiste à utiliser de façon involontaire un mot pour un autre.

Narcissisme : c’est l’amour de soi qui peut dégénérer en pathologie à l’âge adulte.

Refoulement : processus inconscient à travers lequel les souvenirs pénibles sont oubliés.

  1. Psychanalyse freudienne et les neurosciences

Les neurosciences englobent les principales études scientifiques qui traitent le système du cerveau. Leur apparition plus récente vers les années soixante, revient aux travaux des chercheurs David Hubel et Torsten Wiesel qui ont travaillé sur les réponses électriques émises par les neurones. Mais cela n’empêche pas de dire que bien avant cela, des médecins précurseurs comme Hippocrate et André vésale se sont intéressés à l’étude du fonctionnement du cerveau. Comme organe principal du corps humain, le cerveau déploie une anatomie particulière du fait qu’il se compose de deux catégories cellulaires principales : les neurones et les cellules gliales. En tant que science médicale des neurosciences, la psychanalyse se penche beaucoup plus sur l’étude biologique et affective du cerveau humain :

« Les neurosciences occupent une place particulière dans la biologie. Bien qu’elles en fassent clairement partie, puisque leur objet d’étude est le cerveau, on sent bien qu’elles en dépassent les limites traditionnelles. La science du cerveau, dans ses relations avec le comportement, avec la vie mentale, avec la vie affective, pénètre profondément le secteur des sciences de l’homme et de la société ; par son impact sur la pathologie du développement ou sur les maladies psychiatriques, elle pose de nombreuses questions d’ordre éthique » (Marc Jeannerod, 469 : 2002).

  1. Littérature et psychanalyse freudienne

La lecture psychanalytique des œuvres littéraires révèle que cette science fondamentale a toujours été au service de la fiction. Elle relance sans cesse le désir de se créer un monde imaginaire tout en restant attaché à cette réalité indicible. Les belles-lettres procurent à l’homme une sensation de liesse et de jouissance qui constituent en elles-mêmes des remèdes cathartiques à des souffrances incurables. La littérature ne peut être séparée de la psychanalyse dans le sens où les deux disciplines offrent à l’homme cette chance de pénétrer dans les secrets le plus profonds de l’âme. La nature se mire donc dans l’esprit humain pour ne refléter enfin que des émotions et des perceptions éparpillées. L’âme est toujours en perpétuel combat contre le chaos ingérable du système affectif !

*BENDERDOUCH Nour-El-Houda (Maître-assistante à l’université de Chlef)

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