Trait-d'Union Magazine

Note d’intention

Il est des sujets qui mobilisent l’attention générale de tout citoyen par la nécessité et l’urgence d’apporter une réflexion sur ce qui en 2021 pose encore problème dans la majorité des sociétés. Les droits fondamentaux de l’individu résultant des principes d’égalité de l’Homme au sens large, soit des deux sexes et ce, dans tous les domaines de la société civile et privée est l’une des problématiques majeures que nos institutions peinent encore à concrétiser. Il ne se passe pas un jour aux quatre coins du monde, sans que des faits violents rappellent que les femmes sont trop souvent les premières victimes et désignées comme le boucs-émissaires des phénomènes complexes de société et de problèmes sociaux-économiques aigus. La femme maghrébine n’échappe pas à ce constat injuste qui porte atteinte à sa dignité. 

Chaque jour est un jour pour agir, c’est pourquoi, à l’occasion la Journée Internationale pour l’égalité des droits de la Femme du 8 mars, et sur le choix de l’équipe responsable de Trait-d’Union Magazine, un numéro spécial, dédié à la femme maghrébine se décide.

« Ana Hiya » : la femme Maghrébine droit dans les yeux est un projet de grande envergure, porté par deux femmes sensibles à la question du féminin, passionnées par les arts et la culture ; Imèn Moussa docteure en littératures française et francophone et poétesse et Jacqueline Brenot professeur de Lettres, auteure et chroniqueuse littéraire à l’hebdomadaire « Le Chélif ». Soutenues par le directeur de la publication du magazine Abdelhakim Youcef Achira alias et directeur de la rédaction Adil Messaoudi, nous entendons donner plus de visibilité au travail des femmes en Lybie, en Mauritanie, au Maroc, en Algérie et en Tunisie.  

C’est aussi avec une immense joie que pour le lancement de ce premier numéro spécial nous avons fait le choix de mettre à l’honneur Madame Christiane Chaulet Achour. Professeure émérite, grande spécialiste des littératures francophones et plus particulièrement de la littérature algérienne, ses nombreux travaux, notamment sur question féminine au Maghreb, contribuent depuis des années au rayonnement de la culture maghrébine dans le monde. Pour cela, au nom de toute l’équipe Trait-d ’Union Magazine, nous lui en sommes reconnaissants.

Nous tenons à remercier l’artiste Dorra Mahjoubi d’avoir illustré la couverture de ce numéro spécial. Nous exprimons également toute notre gratitude à chaque participante et à chaque participant. L’enthousiasme, la richesse et la variété des contributions proposées ont donné le premier grand souffle pour la naissance de « Ana Hiya ». Détail de circonstance et pas des moindres, parmi les premières contributions, celles d’auteurs masculins évoquant les défis des femmes de tous temps. Preuve également que les questions relatives aux femmes sont l’affaire de chacun. Les fondements d’une société stable ne peuvent reposer que sur l’équilibre appliqué d’une égalité entière et complémentaire entre les individus hommes, femmes.

À travers notre invitation à montrer le féminin dans tous les domaines où il exerce son engagement quotidien, nous avons souhaité que chacun et chacune des intervenants puissent enrichir de son expérience personnelle la vision à 180 degrés sur celles qui depuis toujours contribuent à la culture, à l’économie et au rayonnement de son pays, qu’elles soient au foyer ou occupe un poste de dissidence. L’exercice de ses fonctions sont souvent doubles, méritent respect et attention.

Cette Journée du 8 mars dédié aux Droits des Femmes dans le monde existe depuis le 8 mars 1909. Ce jour-là, 15 000 travailleuses descendirent dans les rues de New-York pour obtenir de meilleures conditions de travail, l’abolition du travail des enfants, un salaire égal à celui des hommes et le droit de vote. Plus de cent ans après, malgré des progrès avérés, l’égalité des droits au respect et à la dignité est loin d’être atteinte dans la plupart des pays. Espérons que ce magazine spécial « Ana Hiya » par la qualité de ses contributions apportera sa pierre à l’édifice, afin que les filles et petites-filles de demain soient fières de l’engagement de la génération précédente !  

Imèn Moussa & @jacqueline-brenot

Découvrez le numéro spécial Ana Hiya dans sa version intégrale

Auteur

avatar

Imèn MOUSSA est docteure en littératures française et comparée, enseignante, cofondatrice des Rencontres Sauvages de la Poésie et membre de l’association Atlas pour la promotion de la traduction littéraire au Collège International Des Traducteurs Littéraires. Directrice de la publication pour Trait-d’Union Magazine, elle consacre ses recherches sur l’écriture des femmes dans le Maghreb contemporain. Sa passion pour l’art visuel, ses textes et ses voyages autour du monde sont autant d’invitations à une Humanité qu’elle qualifie d’« infrontiérisable ». C’est dans ce sens qu’elle collabore comme auteure et photographe dans plusieurs revues artistique en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine comme Débridé, Cavales, Lettres d’hivernage, Grito de Mujer, Souffles sahariens, L’Imagineur, Les embruns... Elle est l’auteure de l’essai Les représentations du féminin dans les œuvres de Maïssa BEY, publié aux Éditions Universitaires Européennes (2019) et d’un recueil de poésies Il fallait bien une racine ailleurs, paru aux éditions l’Harmattan (2020).

Ana Hiya !

Ana Hiya !

Cette mer est la mienne

La mer était toujours la solution !
Dans un paradoxe, de ce qu’est la mer pour nous, les peuples au-delà des mers, elle était toujours la solution !
Nous appartenons à ces mers et elles nous appartiennent … Quand tu t’enfuis vers elle, tu veux la vie, elle t’offre la vie.
Quand tu t’enfuis vers la mer pour une mort désirée, elle te guide vers la mort.

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

La littérature féminine d’expression Kabyle, rempart de la langue maternelle

Le paysage littéraire dans notre pays est en évolution permanente. Telle une prise de conscience, la femme s’est investie pleinement dans la production et œuvre ainsi à son essor. Cependant, ces dix dernières années, la littérature d’expression kabyle a connu une effervescence remarquable, particulièrement, avec l’émergence d’un nombre de plus en plus croissant d’auteures-femmes de romans écrits en leur langue maternelle, la langue chère à Mouloud Mammeri, Tamazight. Elles sont nombreuses, elles se comptent par dizaine, aux parcours et styles différents. Elles ont toutes cette chose en commun : l’envie d’écrire en sa langue maternelle !
« Ma langue chérie, je n’ai pu raconter l’histoire que par toi et je n’ai pu reconnaitre les choses que par tes mots ; je ne me suis réjouie avec les sens du parler que par tes dires, je m’aventure comme je veux et jamais je ne suis tombée dans le vide. Je n’ai pu prouver avec exactitude mon idée que par ta richesse et par la force de tes mots. », écrit Farida Sahoui, en s’adressant à sa langue maternelle dans l’un des chapitre de son livre écrit sur le Roi Jugurtha en trois langues (français, arabe, tamazight). A son compte trois livre depuis qu’elle a renoué avec sa plume en 2015. En effet, ses premiers écrits en Tamazight remontent aux années 90, des articles publiés dans le journal « Le Pays » (Tamurt).

Femmes du Maghreb, comme si cela datera d’aujourd’hui…

Il y a dans l’histoire de l’Humanité une vérité cachée qui n’est connue que par les avertis et les prévoyants. Ceux-là mêmes qui ne se laissent pas griser par les artifices de la « marchandisation » du monde. Mais cette vérité, quand bien même est altérée, voir muselée par les partisans du statuquo, ne saurait rester à jamais occultée. Et viendra le jour…

Un Cœur Exilé

Si les dernières années ont vu un vent de liberté souffler sur l’Algérie, une revendication cruciale peine à s’y faire accepter, comme un cheveu déposé sur la soupe du consensus : la question des droits des femmes semble éternellement problématique. Face à cette stagnation rageante, il est capital de continuer le combat afin d’améliorer la condition de la femme dans notre pays et au-delà.

Le pardon, la grâce des mères

En France les féminicides sont devenus une banalité médiatique. En écoutant la litanie des statistiques, je ne peux m’empêcher de revenir à mon enfance, et à ce sinistre jour bien particulier. Les souvenirs sont parfois aussi douloureux que les actes.

Ce qui reste de l’hiver

Longtemps, j’ai mis ma plus belle robe pour accueillir le 8 mars. Je me fardais avec subtilité, comme je sais si bien le faire, lâchais mes cheveux, mettais un manteau et des chaussures assortis et allais rejoindre deux ou trois copines pour un après-midi shopping, un café ou, parfois, un film à la Maison de la Culture. Je sais, vous trouvez ça ridicule, et peut-être que vous avez raison. Mais quand vous travaillez debout, du matin jusqu’au soir, tous les jours que Dieu fait, que vous devez supporter une marmaille d’enfants qui s’amusent ou se chamaillent pendant que vous vous tuez à leur expliquer le sens de telle phrase ou la moralité de tel texte, et que, une fois rentrée chez vous, vous devez vous occuper de deux mâles paresseux – votre mari et votre fils – eh bien, croyez-moi, vous guettez le moindre moment de détente. Quand, en dehors du 08 mars, ai-je le temps de voir mes amies ou d’aller à un gala ? Alors, pourquoi ne pas en profiter, mon Dieu ? C’est ce que je me suis dit pendant des années.

ROUGE IMPURE

Sang de mes menstrues. Sang de mes entrailles. دم الحيض. Sang cyclique. Sang impur, de la fille devenue femme. Femme-diablesse. Folle fieffée. Femme pécheresse. Âsiyah ! Ya latif, ya latif ! En ce premier jour de l’écoulement de mes menstrues, je serai confinée dans la pièce de mes supplices éternels, loin de l’odeur capiteuse du […]


« Ana Hiya » La Femme Maghrébine Droit Dans Les Yeux

Numéros Spéciaux

Femmes du Maghreb, comme si cela datera d’aujourd’hui…

Il y a dans l’histoire de l’Humanité une vérité cachée qui n’est connue que par les avertis et les prévoyants. Ceux-là mêmes qui ne se laissent pas griser par les artifices de la « marchandisation » du monde. Mais cette vérité, quand bien même est altérée, voir muselée par les partisans du statuquo, ne saurait rester à jamais occultée. Et viendra le jour…

Ce qui reste de l’hiver

Longtemps, j’ai mis ma plus belle robe pour accueillir le 8 mars. Je me fardais avec subtilité, comme je sais si bien le faire, lâchais mes cheveux, mettais un manteau et des chaussures assortis et allais rejoindre deux ou trois copines pour un après-midi shopping, un café ou, parfois, un film à la Maison de la Culture. Je sais, vous trouvez ça ridicule, et peut-être que vous avez raison. Mais quand vous travaillez debout, du matin jusqu’au soir, tous les jours que Dieu fait, que vous devez supporter une marmaille d’enfants qui s’amusent ou se chamaillent pendant que vous vous tuez à leur expliquer le sens de telle phrase ou la moralité de tel texte, et que, une fois rentrée chez vous, vous devez vous occuper de deux mâles paresseux – votre mari et votre fils – eh bien, croyez-moi, vous guettez le moindre moment de détente. Quand, en dehors du 08 mars, ai-je le temps de voir mes amies ou d’aller à un gala ? Alors, pourquoi ne pas en profiter, mon Dieu ? C’est ce que je me suis dit pendant des années.

ROUGE IMPURE

Sang de mes menstrues. Sang de mes entrailles. دم الحيض. Sang cyclique. Sang impur, de la fille devenue femme. Femme-diablesse. Folle fieffée. Femme pécheresse. Âsiyah ! Ya latif, ya latif ! En ce premier jour de l’écoulement de mes menstrues, je serai confinée dans la pièce de mes supplices éternels, loin de l’odeur capiteuse du […]

Comment je suis devenue vélotaffeuse à Tunis…

« Comment réagiriez-vous si je venais enseigner à l’université à vélo ? ». Une question que j’ai posée il y a 9 ans, plus précisément en septembre 2011, à mes étudiants tunisiens au début de l’année universitaire. Moi, qui revenais définitivement m’installer en Tunisie après une expérience professionnelle en France où j’avais pris l’habitude d’aller enseigner à […]

Femmes de Kroumirie

La Kroumirie, est une région montagneuse du Maghreb, Située dans le nord-ouest de la Tunisie. N’est en pas une division administrative, son paysage géographique rend ses contours aisément identifiables, elle tient son nom des Kroumirs (peuple qui y vivait traditionnellement), d’un point de vue ethnique, les Kroumirs sont proches des Algériens du nord-est, voire des Kabyles.


Suivez-nous sur les réseaux sociaux: