Trait-d'Union Magazine

Mildred Mortimer sur les traces des « Djamilat »

Engagée dans la quête de la liberté, individuelle ou collective, avec les armes ou la plume, le combat pour la dignité a de tout temps resté constant chez la femme algérienne. A travers son livre « Femmes de lutte et d’écriture », Mildred Mortimer, professeure émérite de l’université du Colorado, tente d’entretenir cette flamme libératrice allumée par les « Djamilat »…

Le rôle de la femme algérienne dans la lutte et la résistance face au joug colonial est indéniable. Mais sa reconnaissance, en tant que telle, bute sur de nombreuses questions non encore assumées par l’histoire. La société aussi se retrouve bouleversée par cette irruption inattendue de la femme comme acteur à part entière dans l’histoire contemporaine de l’Algérie indépendante.

Mildred Mortimer, dans son récent livre « Femmes de lutte et d’écriture », tente de réparer cette amnésie. L’auteure américaine dépoussière des parcours de femmes, dignes héritières des « Djamilat », en étudiant l’œuvre d’écrivaines racontant leur expérience de la guerre dans des autobiographies ou des fictions. Ce rôle est en effet d’une originalité certaine, qui tient au statut des femmes en Algérie, dans une société doublement marquée par ses structures patriarcales et par l’organisation coloniale.

L’écriture est un combat qu’il faut poursuivre

Ainsi, la Professeure Émérite à l’Université du Colorado, fait une réplique à la première professeure en histoire de nationalité algérienne, en l’occurrence Djamila Amrane-Minne. En effet, dans l’histoire de la guerre d’Algérie, la place et le rôle des femmes ne sont devenus un thème d’étude que depuis la thèse de D.-D Amrane en 1989.

Engagée avec  FLN à Alger durant la guerre d’Algérie, D.-D. Amrane-Minne a consacré deux ouvrages à l’implication des femmes dans la guerre de libération nationale. « Les femmes algériennes et la guerre de libération nationale », 1954-1962 (Thèse, 1989) et « Les femmes algériennes dans la guerre » (Plon, 1991) sont deux travaux de la porteuse de valise et une poseuse de bombe consacrés au combat féminin.

A l’écoute de Djamila Amrane-Minne, Assia Djebar, Yamina Mechakra, Maïssa Bey, Leïla Sebbar, Zohra Drif, Louisette Ighilahriz, Evelyne Safir Lavalette, l’essayiste américaine rompt le silence et délivre un message d’espoir : l’écriture est un combat qu’il faut poursuivre. Dans son nouveau livre, Mildred Mortimer examine la manière dont les écrivaines algériennes racontent la guerre.

« Femmes de lutte et d’écriture »

« Djamila » elle aussi, D.-D Amrane-Minne a tenu de garder ce prénom, son nom de guerre, même après l’indépendance. Durant les années 1990, elle avait fui la violence en Algérie. Elle a enseigné l’histoire de la décolonisation en France, à l’université Toulouse II-Le Mirail. Elle était membre du Groupe de recherche sur l’histoire immédiate.

Les deux femmes professeures se sont ainsi rejointes, avec diverses évocations, pour immortaliser et continuer sur les traces de toutes ces « Djamilat ». Ces femmes extraordinaires qui ont eu un rôle quelquefois très important à certains moments, comme dans la Bataille d’Alger.

Mildred Mortimer a traduit deux romans de Leïla Sebbar, Le Silence des Rives (2000) et La Seine était rouge (2008). Elle a publié de nombreux articles sur la littérature francophone de l’Afrique sub-saharienne, des Antilles et du Maghreb. Son dernier livre « Femmes de lutte et d’écriture » vient de paraître aux Editions Casbah.

Mildred Mortimer est professeure émérite de littérature francophone à l’université du Colorado (Boulder /Etats-Unis). Elle est l’auteure de nombreux ouvrages critiques, dont Writingfrom the Hearth : Public, Domestic, Imaginative Space in Francophone Women’s Fiction of Africa and the Caribbean (2007). Ses travaux actuels portent sur les écrivaines algériennes et la guerre d’indépendance algérienne.

« Femmes de lutte et d’écriture ». Mildred Mortimer. Casbah Éditions. 2022. 1 000 DA, 264 pages.

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