Malika el Fassi et le combat pour l’émancipation des femmes marocaines
Figure historique du Maroc moderne, Malika el Fassi est la seule signataire femme du Manifeste de l’Indépendance du 11 janvier 1944. Qui est cette femme d’exception, cette pionnière parfois oubliée, qui a participé à forger le destin du Maroc moderne ?

Issue d’une famille de lettrée, Malika El Fassi a très tôt pris la parole et la plume pour promouvoir l’éducation des filles, revendiquer l’émancipation des femmes et combattre leur marginalisation généralisée dans une société très patriarcale où l’analphabétisme des femmes était la règle, et où en tant que jeune femme, elle en était une exception. En 1947, elle milite pour l’ouverture d’une section féminine à l’université Al Quaraouiyine dont les premières filles obtiendront leur diplôme universitaire en 1955. Dès les premières heures de l’indépendance, Malika el Fassi lance un appel aux femmes pour les encourager à participer à la vie politique du pays. Elle dépose une motion pour obtenir le droit de vote et le droit aux femmes de se présenter aux élections, ce qui ouvre l’accès à la scène politique à tous. Militante acharnée, dès 1955, elle sillonne le pays dans le but de sensibiliser les populations à s’inscrire aux cours d’alphabétisation. Jusqu’à sa mort en 2007, elle s’efforcera sans relâche de combattre les inégalités sociales et œuvrera pour réduire la précarité des femmes.
Avant-gardiste, Malika El Fassi écrit en 1943, dans un article vibrant et intense, intitulé Le soleil s’est levé pour les femmes marocaines et publié dans le journal Rissalat Al Maghrib :
« J’ai ressenti du bonheur et de l’espoir en voyant des jeunes filles quitter l’école de Bab El Hadid à Fès, munies de leur certificat d’études primaires, témoignages de leurs talents et de leurs compétences. […] L’éducation transforme ses bénéficiaires en citoyens actifs et utiles. Les hommes doivent veiller à la formation des femmes, en ignorant les arguments réactionnaires qui s’opposent à leur éducation […] Une jeune fille peut atteindre la vertu et le succès si elle a de l’assurance, si elle connait sa propre valeur dans la vie et si elle comprend les devoirs que lui dicte la société. […] Chers amis l’avenir de vos jeunes filles dépend de vous. […] les voix des femmes s’élèvent pour faire appel à vous ; répondez à leur appel et réfléchissez sérieusement aux conséquences de vos décisions » (Des femmes écrivent l’Afrique : L’Afrique du Nord, de Amira Nowaira, Azza El Kholy, Moha Ennaj).
Que son appel toujours d’actualité continue d’être répété et soit entendu !
En tant que femme, marocaine, maghrébine et qu’humaine je ne peux que lui rendre hommage et la remercier d’avoir permis à des femmes comme moi, d’étudier, de croire en l’avenir et devenir la femme émancipée et libre que je suis.

Par Jihane KHIARA
Jihane Khiara est née en 1988 au Maroc où elle a vécu jusqu’en 2006. Ingénieur de formation, elle travaille à Paris dans le domaine de l’énergie et poursuit en parallèle des études de philosophie. Elle est l’auteure d’un premier recueil de poèmes intitulé » Les trois infinis » publié en 2020. Elle est également la cofondatrice du Poète Lab, une marque d’inspiration poétique qui a pour but d’inspirer, de révéler et d’encourager les jeunes talents à exprimer leur créativité et partager leurs écrits.
Abdelhakim YOUCEF ACHIRA
Directeur de la publication de Trait-d’Union magazine. Membre fondateur, Ex-président et actuel SG du CLEF Club Littéraire de l’Étudiant Francophone de l’université de Chlef. Journaliste et chroniqueur à L’hebdomadaire LE CHÉLIF. Membre du jury étudiant du Prix Goncourt choix de l'Algérie 1ère édition. Enseignant vacataire au département de français UHBC.