Trait-d'Union Magazine

L’identité linguistique, un mystère encore irrésolu.

Étant la clé indispensable de l’apprentissage de tout ce qui relève du domaine scientifique, culturel, intellectuel, spirituel ou autre, la langue s’est toujours trouvée en pole position au sein de toutes les institutions dont la principale mission se bornait, uniquement et essentiellement, à inculquer de multiples savoirs aux « disciples ».

La langue a toujours occupé une place prépondérante. C’est une réalité évidente qui ne nécessite pas d’être prouvée. Cependant, cette réalité semble étrange pour certains. Ce n’est plus de leur faute. Le monde change, les concepts se redéfinissent et les gens changent souvent de comportement et d’attitude.

La langue était considérée comme l’élément clé qui assurait la transmission idéale de tous les savoirs sans exception aucune. Les langues parlées dans le monde étaient, bien évidemment, d’une diversité vertigineuse et sans limite. On se dit que cela a créé des obstacles pour le moins troublants et décourageants. Mais l’histoire détrompe toute personne adoptant cette théorie infondée et lui prouve le contraire tout en livrant des preuves tangibles et irréfutables qui ne peuvent que convaincre et mettre fin au doute et à l’ambiguïté. En d’autres termes, cette diversité n’a pu en aucune manière perturber ce processus de transmission et d’apprentissage qui s’axait globalement sur les aptitudes d’acquisition chez les disciples. D’autant plus que ces derniers maitrisaient parfaitement leurs langues maternelles, qui étaient des langues au sens large du terme et non pas des dialectes sans normes, et avaient d’extraordinaires capacités pour apprendre plusieurs langues étrangères leur permettant d’assimiler ce qu’ils apprennent comme nouvelles connaissances de façon à pouvoir les transmettre par la suite à leurs nations respectives. C’était ainsi que les grandes puissances, ayant aujourd’hui la mainmise sur tout ce qui bouge sur cette terre, s’étaient développées pour atteindre ce degré élevé de développement, de prospérité et d’épanouissement.

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, la langue n’est plus un acquis de grande valeur. Elle a perdu son lustre d’antan. Beaucoup de personnes issues de différents milieux sociaux, intellectuels et culturels n’arrivent plus à s’exprimer correctement dans une langue donnée. La langue arabe, notre langue maternelle, n’est pas parlée comme il se doit par nos compatriotes. Ces derniers s’expriment dans un dialecte qui n’est plus le même que celui de nos aïeux. Un dialecte qui s’avère parfois très laid à cause de l’interférence de deux ou trois langues à la fois. Pourtant, notre langue arabe est indéniablement très belle et très riche et n’a rien à envier aux autres langues.

Qu’est-ce qui ne va pas ? La majorité écrasante du peuple souffre d’une « schizophrénie linguistique » des plus sévères dont les conséquences seront, sans nul doute, aussi bien néfastes que subversives. Notre jeune génération se trouve face à un dilemme et n’arrive plus à faire le bon choix. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Elle ne sait pas s’il faut, après la langue dialectale, maitriser sa langue maternelle ou une autre langue étrangère. Donc, chaque individu prend sa décision et suit un chemin propre à lui. L’identité nationale, basée sur nos acquis linguistiques, culturels, religieux et historiques, est simplement mise à l’écart et n’est mentionnée que rarement. Si Cette situation persiste, une crise linguistique à caractère identitaire n’est pas à écarter. Nos parents, parfaitement bilingues pour ne pas dire trilingues, ne semblent pas donner l’exemple. Ils ont eu suffisamment de temps et d’opportunités pour remettre tout en ordre. Mais ils ne l’ont pas fait. Quelle déception !

Le dialecte algérien, qui ne correspond à aucun mode d’enseignement ou d’apprentissage, est utilisé de façon abusive dans presque tous les établissements scolaires faisant partie des trois paliers de l’enseignement. Tous les enseignants y compris ceux de langues étrangères préfèrent, par pure incompétence conjuguée à une paresse infinie, compter sur un dialecte, plein d’incohérence et de vulgarité surtout, pour former nos « futurs cadres ». C’est extrêmement affligeant. Ils sont en train de commettre d’abominables crimes intellectuels à l’égard de cette génération. Ces enseignants pensent que l’information doit être véhiculée par n’importe quel moyen. Seule la compréhension trouve grâce à leurs yeux. Si on voit les choses avec un peu plus de logique, on s’aperçoit qu’une information saisie n’importe comment ne pourra jamais faire l’objet d’une réflexion enchainée ou d’une réelle base de recherche. Les instances concernées sont dans l’obligation d’en finir avec cette mascarade et prendre les mesures nécessaires pour remédier à cette « décadence linguistique » qui ne cesse d’affaiblir notre société. Tout responsable, se sentant en mesure d’établir une stratégie pour endiguer ce problème épineux, devrait passer à l’action dans l’immédiat. C’est plus nécessaire que jamais. Les choses s’aggravent de plus en plus. Il ne faut pas prendre à la légère ce qui est en train de se passer. C’est une lourde et harassante responsabilité qui doit être assumée honnêtement.

En somme, je pense que les années à venir verront une succession étonnante d’un certain nombre de mutations profondes. Ces mutations s’effectueront en fonction de la politique adoptée par les décideurs concernés. Si ces derniers se responsabilisent et se déterminent à rétablir l’ordre, la situation connaitra une amélioration remarquable. Si c’est le contraire, la situation deviendra encore plus délicate et plus inextricable.

De toute façon, il faut garder cette lueur d’espoir et continuer de rêver d’un lendemain plus certain et plus prometteur. Il faut toujours voir le bon côté des choses.

Chroniques

Chroniques

Représentation poétique du paysage maghrébin dans Je te nomme Tunisie de Tahar Bekri

Par la poésie, Tahar Bekri célèbre les richesses naturelles et culturelles de la Tunisie à partir de laquelle se dévoile l’image du monde maghrébin. En prenant appui sur le recueil de poèmes Je te nomme Tunisie, le présent article se propose de démontrer le paysage tunisien comme reflet de l’univers maghrébin et d’insister sur la célébration du patrimoine culturel arabo-musulman.

Amerigo Vespucci l’hôte d’El-Djazair

Détrompez-vous ce n’est ni le car-ferry Tarek Ibn- Ziad ni le Corsica qui ont attirés les foules en cette soirée du mardi 20 juillet, celui qui déclencha les mille et une rafales des caméra et smartphones n’est autre que le chef d’œuvre de la marine militaire italienne. Le navire école le voilier Amerigo Vespucci, une pièce rarissime sortie directement des annales de la gloire des expéditions maritimes.

Mathilde, personnage trans-classe dans le pays des autres de Leila Slimani

Si le transclasse désigne l’individu qui opère le passage d’une classe à une autre[1], la classe peut signifier dans un sens plus large un genre, une nationalité, un milieu ou une identité sociale. Le transclasse fait ainsi l’expérience d’un mouvement par lequel il passe d’un milieu de départ vers un milieu autre, sans qu’il ne […]

Le parler algérien et la littérature : L’oral, une littérature qui refuse de dire son nom.

Historiquement, les anthropo-linguistes et les philologues qui s’intéressent aux anciens langages humains pensent que c’est le Berbère qui couronnait l’espace langagier oral en Afrique du Nord pendant l’ère antique. Ces chercheurs ont du mal à localiser cette langue maternelle dans le temps. Toutefois, on suppose que le Berbère ait été accolé progressivement avec les langues anciennes parlées autour du bassin méditerranéen à travers les interpénétrations humaines du voisinage, des voyages, du commerce et des guerres.

Écrire hors des frontières de la pensée 

Onfwan Fouad et le Middle East and North Africa Surrealist Group Onfwan Fouad est une poétesse, traductrice, conteur et artiste visuelle, originaire de la région d’Aurès, dans l’est de l’Algérie. Elle a été avocate pendant sept ans et a enseigné à l’université pendant des années. Son premier recueil de poésie (Godot mange ses doigts) a […]

Mildred Mortimer sur les traces des « Djamilat »

Engagée dans la quête de la liberté, individuelle ou collective, avec les armes ou la plume, le combat pour la dignité a de tout temps resté constant chez la femme algérienne. A travers son livre « Femmes de lutte et d’écriture », Mildred Mortimer, professeure émérite de l’université du Colorado, tente d’entretenir cette flamme libératrice allumée par les « Djamilat »…

L’enfant de cœur

Elle s’était levée effarée, tremblante, inexistante, son cœur palpitait en son intérieur, son sang bouillonnait dans ses veines et ses yeux ne pouvaient se fixer sur un seul cadre. Elle aurait aimé crier, hurler, s’essouffler, mais rien ne sortait. Elle aurait aimé partir, voler, s’enfuir, elle était enchaînée. Enfermement transparent, enchaînement silencieux, tout l’attachait à […]

Algériennes, mes sœurs

Mon père disait : « C’est la femme qui tient la maison debout. » Quelle que soit la catastrophe, guerre, guérilla, séisme, incendie… Quel que soit le désastre. Il disait : « Une femme tient la maison debout jusqu’au Jour Dernier. » Elle, femme, mère, épouse. Je dirai : « Une femme met au monde, elle tient le monde debout. Elle est la […]

Femme, messagère universelle

Cette proposition est un melting-pot entre mots et photos pour exprimer les questionnements actuels de la femme d’aujourd’hui. D’un côté, je considère que l’identité est importante car elle nous permet de nous construire mais de l’autre, elle nous limite également dans nos libertés d’âmes infinies. Je crois que la vie est un chemin qui nous […]

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

Zahia Benzengli : Colombe de Grenade et Azur d’Algérie

Bectant les restes d’une hirondelle au printemps, le pèlerin s’envole et prend l’allure d’un cygne. Ses pieds palmés battent la tour et quittent les ruisseaux, amour d’un vers et chemins croisés. À l’exil, eusse-t-elle été condamnée à errer, Zahia voltige depuis l’Alhambra, neige sur les bois et adoucit les mœurs d’un brouillard agaçant. Elle persiste au pied d’un mur qu’elle chouette d’une aile, éparse condition d’une oiselle à concerts acheminant le mordoré à l’herbe d’une œuvre. Quant aux moineaux de Grenade, qui firent des plaisirs de l’ambroisie un nectar à ouïr, ceux-là, trouvent en elle des vertus que les ombres du destin ont bien posées ici. Voilà une curieuse façon d’entamer l’odyssée d’une femme d’Algérie qui ravit de sa voix les cieux embaumés, Zahia Benzengli.


Suivez-nous sur les réseaux sociaux: