Trait-d'Union Magazine

Le Skhab : Quand les idéologies nous séparent, un bijou nous montre le repère.

L’Algerie, trésor artisanal: Carrefour des civilisations où se croisent art et culture, l’Algerie est réputée par les merveilles produites par son artisanat. Un artisanat qui nous fait rappeler l’histoire de notre terre marquée par sa diversité et sa richesse linguistiques et culturelles. Les techniques et les décorations artisanales varient d’une région à une autre. Les matières premières dans la fabrication des bijoux diffèrent aussi : argent et corail en Kabylie, argent et pierres précieuses aux Aurès, or pur dans les hauts plateaux, l’Oranie, la vallée des M’zab , et enfin, argent et ébène au sud. Malgré cette variation, les grandes régions d’Algérie possèdent des bijoux en commun tels que : Khelkhal, Mqayes et le Skhab.

  • Qu’est-ce qu’un Skhab ?

Es-skheb est un sautoir confectionné par les femmes. C’est un bijou très apprécié chez les Algériennes. Il se présente sous forme d’un long collier multi rangs de perles d’ambre de forme triangulaire. Pour façonner ces perles, les femmes préparent une pâte aromatisée à base de clous de girofle, d’ambre gris et d’eau de rose, à laquelle on ajoute d’autres constituants selon la recette adoptée par chaque communauté féminine. Après l’obtention de cette pâte parfumée, on en forme des petites boules. Ensuite, on les serre entre les pouces et les index des deux mains pour leur donner la forme d’une petite pyramide. Enfin, ces perles vont être laissées sécher à l’air libre pendant plus que quarante jours.               

Certaines femmes préfèrent imbiber directement les clous de girofle dans de l’eau de rose mélangée avec de l’ambre gris. Une fois bien hydratés, elles les enfilent à l’aide d’une aiguille dans des longs fils qui vont être alignés et décoré pour former un sautoir.

Le collier est orné par des motifs en or tels que « Meskiya », « Dj3ibet » et surtout « Khamsa ». Les perles du Skhab peuvent être également décorées par des fragments de corail. 

  • Dans quelles régions se porte-il ?

Le Skhab peut accompagner plusieurs tenues traditionnelles algériennes. À l’est, à Constantine plus précédemment, il embellit la Guendoura Fergani. Ce traditionnel féminin qui remonte au XXe siècle constitue une longue robe en velours garnie de broderie en fils d’or très fine en arabesques (Medjboud). Parmi les bijoux incontournables dans le port de cette tenue, le Skhab prend le dessus. Il sert également de parfum car les femmes ne pouvaient pas en mettre pour ne pas décolorer les fils dorés.

Aux Aurès, le collier parfumé est confectionné par les femmes à la veille du mariage pour que la future mariée l’emporte dans son trousseau. Ainsi elle le porte avec plusieurs tenues telles que la Melhfa, une tenue d’une importance majeure chez les Berbères de l’est de l’Algérie, les Chaouis. L’ancienne tenue est en couleur noire décorée par des rubans multicolores sur les bords.

En Kabylie, Les femmes portent « Taqendurt » une robe en satin décorée par des zigzags de couleurs vives et d’autres broderies multicolores dont la technique diffère d’un village à un autre. Outre les bijoux multicolores en argent et corail dont les couleurs renvoient au désert, montagnes verdoyantes, mer et au sang des martyrs ayant défendu leur territoire, les femmes Kabyles mettent également un long collier en clous de girofle appelé « Kronfol » pour se faire belles.

Dans la tribu d’Ouled Nayel, Les femmes Naili portent une tenue blanche en dentelle. Ses manches transparents laissent entrevoir les bras de celle qui la porte. La Naili cache sa tête avec un voile qui retombe sur les épaules, tout en le fixant avec un bijou sur le front « El Djbine ». Elle porte généralement deux Skhab croisée. Ce signe protège l’être du mauvais œil selon les croyances des habitants de cette région.

À Ghardaïa, chez les mozabites, Berbères musulmans de rite ibadite, les femmes portent une Melhfa semblable à celle des Chaouis mais elle se distingue par la couleur Bordeaux du tissu. Ce dernier est décoré par des bandes de soies d’or. Certes, la tenue ne se porte qu’avec de l’or, mais le collier de girofle, le Skhab, est significatif pour la femme mozabite.

La « Chedda de Tlemcen » est portée dans l’Ouest du pays. Elle est considérée comme la tenue la plus chère et la plus belle que la mariée puisse porter le jour de son mariage. La tenue constitue un caftan en velours et aux fils d’or, enjolivée de « Djouher », de « Meskiya », « Crafache Boulehya » et d’autres bijoux précieux. La tête est coiffée par une chéchia sur laquelle est fixée le Mendil où sont posés sept à neuf Djbine et Khit Er-Rouh. Pour mettre la dernière touche, le long Skhab en perles de girofle et Dj3ibet en or se fixe par des broches sur les épaules de la tenue.

  • Un joyau, un référent identitaire

En Algérie, une vague montante de racisme et de régionalisme déferle sur les gens suite à chaque événement politique ou culturel. Au temps où les idéologies séparatrices recours à la diversité culturelle et linguistique pour semer le doute dans l’esprit du peuple afin de le disperser, un simple joyau peut être « l’étoile du Nord » montrant à plusieurs communautés leurs traits en commun et leur voie identitaire.

Auteur

Chroniques

Chroniques

Représentation poétique du paysage maghrébin dans Je te nomme Tunisie de Tahar Bekri

Par la poésie, Tahar Bekri célèbre les richesses naturelles et culturelles de la Tunisie à partir de laquelle se dévoile l’image du monde maghrébin. En prenant appui sur le recueil de poèmes Je te nomme Tunisie, le présent article se propose de démontrer le paysage tunisien comme reflet de l’univers maghrébin et d’insister sur la célébration du patrimoine culturel arabo-musulman.

Amerigo Vespucci l’hôte d’El-Djazair

Détrompez-vous ce n’est ni le car-ferry Tarek Ibn- Ziad ni le Corsica qui ont attirés les foules en cette soirée du mardi 20 juillet, celui qui déclencha les mille et une rafales des caméra et smartphones n’est autre que le chef d’œuvre de la marine militaire italienne. Le navire école le voilier Amerigo Vespucci, une pièce rarissime sortie directement des annales de la gloire des expéditions maritimes.

Mathilde, personnage trans-classe dans le pays des autres de Leila Slimani

Si le transclasse désigne l’individu qui opère le passage d’une classe à une autre[1], la classe peut signifier dans un sens plus large un genre, une nationalité, un milieu ou une identité sociale. Le transclasse fait ainsi l’expérience d’un mouvement par lequel il passe d’un milieu de départ vers un milieu autre, sans qu’il ne […]

Le parler algérien et la littérature : L’oral, une littérature qui refuse de dire son nom.

Historiquement, les anthropo-linguistes et les philologues qui s’intéressent aux anciens langages humains pensent que c’est le Berbère qui couronnait l’espace langagier oral en Afrique du Nord pendant l’ère antique. Ces chercheurs ont du mal à localiser cette langue maternelle dans le temps. Toutefois, on suppose que le Berbère ait été accolé progressivement avec les langues anciennes parlées autour du bassin méditerranéen à travers les interpénétrations humaines du voisinage, des voyages, du commerce et des guerres.

Écrire hors des frontières de la pensée 

Onfwan Fouad et le Middle East and North Africa Surrealist Group Onfwan Fouad est une poétesse, traductrice, conteur et artiste visuelle, originaire de la région d’Aurès, dans l’est de l’Algérie. Elle a été avocate pendant sept ans et a enseigné à l’université pendant des années. Son premier recueil de poésie (Godot mange ses doigts) a […]

Mildred Mortimer sur les traces des « Djamilat »

Engagée dans la quête de la liberté, individuelle ou collective, avec les armes ou la plume, le combat pour la dignité a de tout temps resté constant chez la femme algérienne. A travers son livre « Femmes de lutte et d’écriture », Mildred Mortimer, professeure émérite de l’université du Colorado, tente d’entretenir cette flamme libératrice allumée par les « Djamilat »…

L’enfant de cœur

Elle s’était levée effarée, tremblante, inexistante, son cœur palpitait en son intérieur, son sang bouillonnait dans ses veines et ses yeux ne pouvaient se fixer sur un seul cadre. Elle aurait aimé crier, hurler, s’essouffler, mais rien ne sortait. Elle aurait aimé partir, voler, s’enfuir, elle était enchaînée. Enfermement transparent, enchaînement silencieux, tout l’attachait à […]

Algériennes, mes sœurs

Mon père disait : « C’est la femme qui tient la maison debout. » Quelle que soit la catastrophe, guerre, guérilla, séisme, incendie… Quel que soit le désastre. Il disait : « Une femme tient la maison debout jusqu’au Jour Dernier. » Elle, femme, mère, épouse. Je dirai : « Une femme met au monde, elle tient le monde debout. Elle est la […]

Femme, messagère universelle

Cette proposition est un melting-pot entre mots et photos pour exprimer les questionnements actuels de la femme d’aujourd’hui. D’un côté, je considère que l’identité est importante car elle nous permet de nous construire mais de l’autre, elle nous limite également dans nos libertés d’âmes infinies. Je crois que la vie est un chemin qui nous […]

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

Zahia Benzengli : Colombe de Grenade et Azur d’Algérie

Bectant les restes d’une hirondelle au printemps, le pèlerin s’envole et prend l’allure d’un cygne. Ses pieds palmés battent la tour et quittent les ruisseaux, amour d’un vers et chemins croisés. À l’exil, eusse-t-elle été condamnée à errer, Zahia voltige depuis l’Alhambra, neige sur les bois et adoucit les mœurs d’un brouillard agaçant. Elle persiste au pied d’un mur qu’elle chouette d’une aile, éparse condition d’une oiselle à concerts acheminant le mordoré à l’herbe d’une œuvre. Quant aux moineaux de Grenade, qui firent des plaisirs de l’ambroisie un nectar à ouïr, ceux-là, trouvent en elle des vertus que les ombres du destin ont bien posées ici. Voilà une curieuse façon d’entamer l’odyssée d’une femme d’Algérie qui ravit de sa voix les cieux embaumés, Zahia Benzengli.


TU N°2 MAMA AFRICA

Numéros

«L’impasse ou le portrait d’un pays déshumanisé»

L’Afrique est considérée comme le berceau de l’humanité, dit-on de manière fort poétique, l’espèce humaine y aurait vu le jour. Pourtant, au fil des ans, mais surtout ces trente dernières années, force est de constater que les « enfants » de ce continent se hâtent de quitter ce berceau qui ne leur apporte plus le réconfort souhaité et d’aller courir le monde, occidental de préférence. En effet, une situation politique et économique désastreuse, l’absence de perspectives font que la jeunesse africaine n’aspire plus qu’à une seule chose : émigrer.

Le Skhab : Quand les idéologies nous séparent, un bijou nous montre le repère.

L’Algerie, trésor artisanal: Carrefour des civilisations où se croisent art et culture, l’Algerie est réputée par les merveilles produites par son artisanat. Un artisanat qui nous fait rappeler l’histoire de notre terre marquée par sa diversité et sa richesse linguistiques et culturelles. Les techniques et les décorations artisanales varient d’une région à une autre. Les matières premières dans la fabrication des bijoux diffèrent aussi : argent et corail en Kabylie, argent et pierres précieuses aux Aurès, or pur dans les hauts plateaux, l’Oranie, la vallée des M’zab , et enfin, argent et ébène au sud. Malgré cette variation, les grandes régions d’Algérie possèdent des bijoux en commun tels que : Khelkhal, Mqayes et le Skhab.

LE NUMÉRO 2 DU MAGAZINE « TRAIT-D’UNION » EN PARLE :« Mama Africa »

En dépit des circonstances difficiles dues à l’épidémie de la Covid-19, le numéro 2 de l’e-magazine littéraire et culturel « Trait-d’Union » est paru en ce début décembre et remporte un franc succès avec environ 1000 lecteurs dès la première semaine. Défi d’une équipe non sponsorisée mais dynamique et motivée par une volonté d’une culture partagée et gratuite.

Quand les femmes s’emparent du cinéma algérien pour lutter contre l’islamisme radical

L’islamisme radical fut, dans l’Algérie des années 90, à l’origine de nombreuses tueries ciblées qui visaient à intimider et à faire taire toute critique émanant des intellectuels et des journalistes. La décennie noire fut synonyme de terreur et de peur pour les civils visés par ces groupes paramilitaires radicaux qui multiplièrent les actions d’attentats après l’annulation des élections législatives de 1991 laissant présager une victoire du Front Islamique du Salut. Peu d’images circulèrent au-delà des frontières si bien que la situation exceptionnelle vécue par la population civile fut longtemps une page oubliée de l’histoire. Le cinéma algérien contribue activement à combler cette amnésie et à en mémorialiser les traumatismes à travers la mise en scène d’histoires qui montrent l’intimité de la terreur. Les femmes jouent un rôle central dans ce travail de mémoire en tant que réalisatrices déterminées à raconter le vécu des femmes, dont les désirs de liberté et d’expression furent directement visés par les fondamentalistes. Dans Rachida (2002), la réalisatrice algérienne Yamna Bachir-Chouikh dresse le portrait d’une jeune enseignante, qui vit avec sa mère dans l’un des quartiers populaires d’Alger. Son esprit d’indépendance lui attire l’attention des islamistes qui cherchent à l’intimider pour mieux la soumettre à un ordre patriarcal. La réalisatrice Mounia Meddour s’inspire des années qu’elle a passées à Alger en tant qu’étudiante lorsqu’elle met en scène Papicha (2019), un film qui reconstitue l’expérience de la décennie noire à travers le point de vue de jeunes lycéennes dont le quotidien et les ambitions sont un défi répété des restrictions imposées par les islamistes. En plaçant la matérialité du corps de la femme au centre de l’image, ces films inventent une esthétique nouvelle qui traduit une sensibilité féminine en résistance au regard objectifiant et déshumanisant des Islamistes.

Aux portes de Cirta de Mohamed ABDELLAH : à l’aube de notre Histoire

Mohamed Abdallah, très jeune auteur, étudiant en mathématiques, intègre le cercle des écrivains avec une première publication Entre l’Algérie et la France il n’y a qu’une seule page suivie de Souvenez-vous de nos sœurs de la Soummam. Le troisième roman, édité aux Editions Casbah (2019), dans le contexte de l’effervescence contestataire du Hirak, ne manque pas de surprendre. Alors qu’un grand nombre de livres actuellement en librairie s’apparentent à des radioscopies de la société algérienne pâtissant de ses maux et tout autant porteuse d’espoir, Mohamed Abdallah se place hors de ce champ. Il remonte le temps pour camper dans la Numidie antique. Il apparait ainsi comme un ‘’OVNI’’, (expression d’une amie lectrice de son dernier roman) dans le paysage littéraire algérien du moment car l’opus en question relève de la quête archéologique. De fait, le projet littéraire s’annonce comme réécriture d’une page de l’histoire lointaine de l’Algérie, à laquelle il convient de redonner vie. A quelle fin ? Pourquoi ce retour vers une antériorité si lointaine ? Assouvir une curiosité qui se manifeste présentement ? Prévenir de l’oubli ? Acte mémoriel à visée pédagogique ? Nécessité de nourrir la connaissance de soi ? Il est certain que la fouille du passé est susceptible de renseigner sur les interrogations du présent et peut-être de les expliquer en partie.

Mohammed Dib : Une œuvre libre et souveraine

Souveraine est, je crois, le terme qui pourrait qualifier l’œuvre importante et singulière de Mohammed Dib, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de sa naissance. Souveraine et combien évidente parce qu’elle est le fruit heureux d’un travail littéraire au long cours, patient, méticuleux et fertile. Libre aussi car éloignée des modes et des […]


Suivez-nous sur les réseaux sociaux: