Le flou qui fait rêver
Ce n’est pas pour rien qu’un galeriste l’avait exposé à coté de Dali, Braque et d’autres grands noms. Incontestablement, Ziani est un grand peintre, un des peintres les plus spectaculaires de 21ème siècle. Les critiques et les spécialistes qui classent cette tendance exotique proche du néo-orientalisme, le disent et le prouvent.

D’où sort cette peinture ? Cette peinture qui vient nous fouetter à une période où la grande peinture manque, où les maîtres sont absents. Chez Ziani, c’est sans détour où tout est clair. Point d’encombrements, point de fioritures : on est calmé dès le premier coup d’œil. L’enfant de Sidi-Daoud a non seulement la maîtrise de la représentation, du figuratif, mais du thème qu’il vénère plus que tout. Au-delà du beau dessin, de la belle peinture, il semble s’accrocher à l’histoire avec force. Mais pas n’importe quelle histoire. Chez lui, il y a cette force de pouvoir la (histoire) domestiquer jusqu’à la rendre totalement sienne. C’est comme s’il se jouait d’elle en fait où l’on retrouve des époques associées comme faisant du même monde.

Une thématique si diversifiée : des natures mortes au style Hollandais, des fantasias, le désert, les poteries, le Hoggar avec sa Reine Tin Hinan, vision fantasmée, la musique, des intérieurs turcs, Venise, chevaux, la femme, etc. Hocine qui maîtrise le trait, rend toujours le lointain « grisé », sans doute pour apporter la profondeur. La quête de la lumière aussi : c’est l’architecte de la lumière, avec des jeux d’ombres inouïs. Ses œuvres que certains qualifient de néo orientalises lui qui n’aime pas les qualifications, aux mille teintes et finesses, aux reflets et ombrages, nous fascinent, nous comblent à ne point les lâcher. Une peinture de par son attrait qui recherche l’exotisme, une peinture puisant du réel pour aboutir aux choses de l’imaginaire, nous plongeant comme dans un univers onirique, d’une posture partagée entre le réel et le rêve, prouvant qu’elle essaye de vouloir nous dérouter, nous corrompre l’âme pour nous traîner jusqu’au fantastique. Ramène-t-il cet esprit de l’orientalisme de la villa Abd-el-Tif ? Où fut créé dans le temps, pour la première fois, un prix à cet effet, à l’orientalisme moderne. Bien que certains le classent dans la catégorie de l’orientalisme contemporain. Chez Ziani, la plupart des peintures demeurent entre réalité et imaginaire et de cette approche plurielle naît l’œuvre magistrale d’un des plus grands peintres figuratifs du monde.
Abdellah OULDAMER
Diplômé de l’Académie royale de liège (Belgique). Infographe 1992 chez ObjectifCom. Journaliste collaborateur, 1995, le Soir d’Algérie, El Moudjahid. Rédacteur en chef 2012 chez La Concorde. Éditorialiste 2015 chez Jeunesse d’Algérie. 2 Romans parus chez Amazone, « l’américaine d’en face », « Mira »