La littérature: Côté plume côté épée
La littérature représente l’ensemble des œuvres écrites ou orales qui rehaussent l’expression de la pensée à un certain niveau d’esthétique académique, et donc au statut d’une discipline artistique

Il existe une multitude de types de littérature qu’il faut traiter chacun à part lorsqu’on s’approche du sujet littéraire. L’objectif des différents genres de cet exercice intellectuel est souvent similaire, puisqu’il s’agit de communication d’idées, de transmission de nouvelles, d’échanges et de critiques d’opinions afin d’élargir le dialogue autour d’un thème donné.
Mais, la dissemblance entre les catégories de la grande famille de la littérature existe bien. Elle réside dans la division des styles, dans la conception des formes, dans le classement des œuvres selon leurs zones géographiques ou leurs tranches historiques. On distingue, alors, le rapport journalistique du roman fictif ou réaliste, ou bien l’écrit poétique du récit prosaïque. On discerne le produit littéraire selon le récepteur, auditeur ou lecteur, auquel il est adressé. On dit littérature d’enfant, de jeune ou de voyage. On sépare également la matière littéraire par langue, par appartenance ethnique et nationale, par domaine d’activité ou simplement par les auteurs eux-mêmes. Il est fréquent d’identifier les différentes classes du registre littéraire de littérature arabe ou berbère, celle du Moyen Age ou du temps contemporain, celle d’Algérie ou du Japon, ou alors celle de Yasmina Khadra ou de Victor Hugo.
La littérature s’introduit dans tous les domaines, elle est le miroir qui reflète les faits de la société. On la trouve dans les revues scientifiques et technologiques, elle fait partie des discours politiques et des exposés économiques et elle représente le génie intellectuel et l’image fantastique du monde de la culture. La littérature est un tout, c’est un outil qui fait le lien entre les groupes d’hommes et un exercice qui les console pendant les moments de solitude. Le monde littéraire n’est pas la propriété exclusive des hommes lettrés, tout le monde en est concerné de près ou de loin. Certains pratiquent la littérature comme une profession, ils la manipulent, l’organisent, la modèlent et la partagent avec les autres. D’autres la reçoivent à travers la lecture, le théâtre, la télévision ou l’écoute des paroles d’un chant.
Compte tenu de la diversité des ses fonctions et de son implication directe dans tous les secteurs du quotidien, la littérature peut être qualifiée d’un rétroviseur moral qui reflète dans toutes les directions les accords qui composent telle ou telle société. A travers la littérature, il est possible de faire des retournements dans l’histoire locale ou universelle qui sommeille dans le terroir verbeux des bibliothèques. C’est la lumière qui brille au chevet de la mémoire pour lui servir de support utile à l’éveil de la conscience d’un individu ou d’une nation. C’est aussi un outil pratique permettant d’observer l’évolution des hommes sur terre, ainsi qu’un instrument commode pour prédire leurs perspectives à venir en édifiant le chantier de leur imagination et en nourrissant le champ de leurs ambitions et de leurs rêves.
Le fait littéraire est un témoin qui accompagne l’ensemble des démarches sociales. C,est est un voyage continuel dans le temps et dans l’espace. Les arts s’inspirent de l’aura fantaisiste dégagée par les mots, lesquels sont aussi les interprètes qui donnent du sens verbal, de l’émotion aux œuvres et de la signification aux messages qu’elles portent. Le moyen littéraire aide la réflexion philosophique à se rendre palpable et consistante, il la clarifie. Il conduit l’affinité propagandiste et oriente l’opinion politique selon les besoins du moment.
Un pays se mesure par la puissance de son économie, par sa prospérité financière et par la qualité de son cadre sociale, et pas seulement, il se définie éventuellement par son taux d’alphabétisation, par le niveau de ses universités et de son enseignement et par le quotient intellectuel de sa population. Un pays pèse le volume de sa littérature, l’absence de cette dernière indique un état de précarité matérielle et une situation d’avanie morale. Un pays prévaut également par l’équité de sa justice et sa pratique de la démocratie, la littérature s’épanouit selon la marge de la liberté d’expression qui y règne.
Réduire la liberté de s’exprimer des hommes de lettres, qu’ils soient journalistes, écrivains, hommes politiques ou autres, induit automatiquement à l’appauvrissement de la littérature, et donc à l’avilissement de la matière créative et innovatrice. L’interdiction des ventes de certaines œuvres littéraires, la censure et la marginalisation des auteurs sont des pratiques singulières qui écrasent le droit fondamental des hommes au savoir et à la connaissance. Ces méthodes de contrôle drastique relèvent souvent de systèmes de dictature qui empêchent l’existence de toute forme de penser et d’agir qui s’oppose aux appétences individuelles des clans des gouverneurs.
Conséquemment, la littérature, déviée de son vrai rôle, devient un outil de promotion d’idées administratives secondaires qui servent l’intérêt d’un groupe d’individus et non pas le bien qui appartient à la collectivité globale. Détournée de sa mission noble qui consiste à informer, éduquer, instruire et distraire dans un cadre de véracité, elle fait dans la propagation du mensonge, dans le cautionnement de l’ivraie et dans la dissimulation des vérités. Muselée ou manipulée, la littérature perd de sa faculté d’influence, de ses effets thérapeutiques et de son flegme émotionnel en traitant de sujets modestes, complètement éloignée de l’essentiel qui touche aux urgences et aux utilités prioritaires dans la marche d’une nation.
Cependant, il arrive que la littérature se rebelle en réclamant son droit à l’exercice de sa vocation initiale. Les valeurs solennelles de la littérature authentique ne consentent pas l’état de l’étouffement de l’expression, encore moins l’objet de l’asservissement par des appareils bureautiques pour des profits restreints et généralement matériels. Il arrive que la littérature déborde des limites de son encadrement en se révoltant contre la déformation modique de sa belle nature. Elle s’engage alors dans les raisons qui font son existence. La plume revêt sa tenue de combat et devient une véritable épée pour défendre sa cause principale : la lutte pour le droit à la vie dans la dignité et à la justice sociale pour tous les humains.
Abdelkader Guérine. Écrivain.
Abdelkader GUERINE
Abdelkader Guerine est un poète et écrivain algérien auteur de plusieurs recueils de poésie parus chez Dar El Gharb. Il est aussi journaliste après une longue carrière dans l'enseignement. Passionné aussi par l'art, il a fait également ses débuts dans la peinture pour exprimer des émotions étrangement douloureuses pour teindre les mots de couleurs riches de vie. Après son premier recueil, l'Ombre de l'eau, où l'auteur essaie de traduire poétiquement l'existence comme un cadeau dont l'homme n'est jamais satisfait, il n'est pas maître d'un destin qu'il n'a pas choisi, il subit le temps et passe comme une ombre à coté de la vie. L'Ombre de l'eau voulant simplement dire l'ombre de la vie. La Fumée du vent est un deuxième recueil que le poète livre avec des images somptueuses de rêves joyeux que la réalité ne sait pas admettre, car la vie est trop courte et éphémère pour porter le bonheur que l'éternité entière n'a jamais réussi à définir correctement.