La littérature: Côté plume côté épée (II)

La littérature est une partisane volontaire de toutes les causes légitimes humaines. Elle a toujours été aux premiers fronts pour défendre le droit des personnes à la liberté, celui des peuples à la souveraineté, celui des enfants au bon traitement, celui de la nature à la protection et celui de la femme à l’égalité des chances avec l’homme. Sur ce dernier point, la littérature féminine est un exemple typique d’un combat gagné par la femme moderne, celui d’embrasser le métier d’écrivain, lequel était un domaine réservé la gente masculine jusqu’à la fin du 19eme siècle. Les femmes étaient, jusqu’alors, interdites de publier leurs écritures, celles qui dérogeaient à la règle signaient leurs textes avec des pseudonymes d’hommes.
Au de-là de son caractère révolutionnaire, de son impact médiatique, de son apport psychologique et de son influence sur les comportements sociaux, la littérature contribue aussi à l’enrichissement de l’économie. C’est une véritable industrie qui draine dans son mouvement une variété de métiers nécessaires à son fonctionnement : journalistes, écrivains, éditeurs, traducteurs, imprimeurs, libraires, transporteurs, distributeurs, photographes et autres administrateurs pivotent en chaîne autour de la production des écrits. La littérature est une ruche fructueuse et généreuse. Comme l’eau ou l’air, les lettres participent également au fondement de la vie en lui donnant des sens et en la tonifiant d’énergie.
D’autres services économiques bénéficient des avantages de la chose littéraire. L’écrit motive les touristes et les invite à visiter les lieux exotiques qu’ils traversent dans leurs lectures. L’écrit fait la foule et rassemble les gens dans les rencontres culturelles, les journées d’études, les conférences et les lectures poétiques, les salons du livre et d’autres dynamiques qui animent de nombreuses activités commerciales derrière. L’écrit s’adapte au théâtre et au cinéma en servant de combustible pour faire fonctionner l’entreprise de l’audio-visuel.
Toutefois, comme tout créneau rentable, susceptible de fournir du gain financier ou du prestige de célébrité, la pratique de la littérature a aussi son marché noir informel conçu de personnes intruses à ce monde. Des opportunistes gravitent autour et font mauvais usage de l’acte d’écrire. Certains, comme les écrivains nègres, dérangent l’étique de cet art en écrivant l’opinion des autres. D’autres manipulent les vérités des événements par des diffamations, des rajouts et des amputations, induisant ainsi en erreur l’opinion des récepteurs. Et bien d’autres, comme les plagiaires, s’assimilent notoirement des produits élaborés par d’autres écrivains, ce qui est contraire à la loi du métier et à la morale humaine.
En outre, l’implication ferme de la littérature dans le champ culturel la promeut au grade honorifique d’ambassadrice d’une région ou d’un pays à travers le monde. Au même titre que la représentativité diplomatique gouvernementale, elle jouit d’une aptitude de fascination et d’une notoriété officielle qui lui permettent d’illustrer les différentes mœurs d’une société en les transportant ailleurs à travers sa fluidité mobile. Son caractère flexible l’aide à matérialiser les richesses morales et à faire valoir les marques identitaires locales. Son espace infini englobe la fiction et le réel, l’actualité présente avec ses événements grandioses et ses faits divers et l’histoire déjà faites avec ses expériences archivées et ses non-dits accomplis. Ces atouts accordent à la littérature la fonction de guide imagé du climat vécu dans cette même société, elle en est la carte de visite.
La littérature n’a aucun mal à côtoyer et à s’adapter à d’autres cultures. Elle les complète sans jamais les heurter. Les cultures se marient parfois et, ensemble, donnent forme à des alliages de styles d’expression communs qui rapprochent les peuples. Ensemble, les différentes modalités culturelles composent la mosaïque des richesses du trésor littéraire universel. Les mots véhiculent l’âme d’une nation qu’ils transcrivent dans différentes langues. La littérature algérienne d’expression française ou celle de Cuba qui se prononce en langue espagnole sont des modèles d’interférence harmonieuse entre les cultures et des exemples de coordination réussie entre les mécanismes langagiers étrangers et les modes de l’environnement propres à un pays ou à un autre.
Écrire est un art intelligent, lire et traduire après est un supplément d’érudition. Le progrès de l’évolution humaine s’est graduellement développé et élargi grâce à la transmission des connaissances par l’écriture. Façonner le monde commence toujours par de simples mots. Les mots rêvent avant que la science ne puisse penser et exécuter ses projets. On dit souvent que le silence est d’or, la littérature est alors l’outil qui va l’extraire, l’essentiel c’est de le dépenser pour le bien-être de soi et de tous.
Abdelkader GUERINE, Auteur.
Abdelkader GUERINE
Abdelkader Guerine est un poète et écrivain algérien auteur de plusieurs recueils de poésie parus chez Dar El Gharb. Il est aussi journaliste après une longue carrière dans l'enseignement. Passionné aussi par l'art, il a fait également ses débuts dans la peinture pour exprimer des émotions étrangement douloureuses pour teindre les mots de couleurs riches de vie. Après son premier recueil, l'Ombre de l'eau, où l'auteur essaie de traduire poétiquement l'existence comme un cadeau dont l'homme n'est jamais satisfait, il n'est pas maître d'un destin qu'il n'a pas choisi, il subit le temps et passe comme une ombre à coté de la vie. L'Ombre de l'eau voulant simplement dire l'ombre de la vie. La Fumée du vent est un deuxième recueil que le poète livre avec des images somptueuses de rêves joyeux que la réalité ne sait pas admettre, car la vie est trop courte et éphémère pour porter le bonheur que l'éternité entière n'a jamais réussi à définir correctement.