Trait-d'Union Magazine

La littérature africaine. Fondement oral pour des perspectives écrites. (II)

La littérature africaine ancienne était globalement orale jusqu’à l’époque moyenâgeuse. Lire et écrire étaient des facultés méconnues par la masse des populations de ce continent. Malgré l’érudition de nombreux savants africains, arabes notamment, dans de multiples sciences humaines et naturelles, l’illettrisme était un phénomène unanime fréquent en Afrique.

Pour recouvrir à l’atonie intellectuelle léthargique et remédier au mieux à l’état de l’analphabétisme collectif, il était impératif d’instituer un système éducatif général. Or, la société africaine, archaïque en ces temps, ne prêtait pas à penser à l’achèvement d’une telle entreprise. L’enseignement était un confort intangible qui ne figurait pas dans les anales des empires africains, lesquels conservaient toujours un rythme traditionnel tribal. Il fallait attendre l’apparition des européens pour moderniser l’organisation sociale, à commencer par l’éradication de l’ignorance et l’instruction des langues latines qui seront l’outil de l’apprentissage des sciences et le moyen d’accéder à la civilisation mondaine.

L’âge de la Renaissance en Europe est situé entre le 13eme et le 16eme siècle. C’est une période qui marque la fin du Moyen-âge et l’ouverture du monde sur l’époque moderne. Ce renouveau universel est souligné par la chute des grandes monarchies classiques, par la délimitation territoriale des pays européens, l’instauration des langues officielles actuelles à la place du Latin, et par l’élargissement géographique avec la découverte du continent américain et, plus tard, avec l’accaparement total de l’Afrique par les européens.

Le progrès innovant de la Renaissance est ponctué par la révolution industrielle qui a multiplié la productivité économique et avivé le monde du travail. La société traditionnelle y a connu des changements radicaux. Les arts ont vécu une explosion fantastique qui a sublimé ce mouvement d’essor. La littérature tint le meilleur profit de l’invention de l’imprimerie en 1450, du dispositif mis en place pour la diffusion des livres et des procédés de la vulgarisation des informations. De nouveaux services vont émerger pour soutenir et dynamiser le produit écrit : bibliothèques, maisons de presse et d’édition, réseaux de distribution, libraires et clubs de rencontres intellectuelles.

Par ailleurs, la littérature va s’introduire comme le créneau intelligent dans le marché économique. De nouveaux métiers vont naître autour de l’écrivain. Certains, comme les éditeurs, les graphistes ou les sérigraphes, s’occupent de la réalisation de la production écrite comme une marchandise. D’autres manipulent la langue de manière scientifique en traitant du contenu de l’écriture, de son esthétique et des sens qu’elle voudrait exprimer : rédacteurs, correcteurs, critiques littéraires, linguistes ou anthropologues en sont quelques exemples.

L’Europe a connu un développement magistral dans le domaine de la littérature et de la communication. Cette émancipation a permis aux européens de divulguer largement leurs idées, d’imposer leur culture et de vendre au monde leur savoir et les produits de leurs usines.

Les africains ont énormément bénéficié du savoir conceptuel et des outils logistiques vulgarisés par les européens au cours de leur occupation du continent. Vu de cet angle, on peut dire que les colonisateurs sont de réels civilisateurs. Comme quoi le colonialisme a aussi ses avantages, malgré son régime militaire rigide fondé sur le principe de l’expansion, de la discrimination, de la violation des droits et de l’appropriation des territoires des peuples, avec des pratiques hostiles pour la domination de leurs propriétaires, contraires à la déontologie humaine.

Bien que l’instruction des populations africaines soit appliquée comme une priorité dans le projet colonial, l’éducation était un agrément sélectif privilégié pour une certaine classe. Ce n’est pas tous les africains qui avaient la possibilité d’aller à l’école. Les études étaient d’abord réservées aux chefs des tribus et leur entourage, aux riches et aux dignitaires parmi les africains, ainsi qu’aux éléments de la société civile qui servaient de lien entre l’administration coloniale et le commun du peuple.

Gouvernées comme de nouveaux États, officiellement affiliés à l’Europe vers le milieu du 19eme siècle, les colonies africaines avaient besoin de langues nationales reconnues qui seront les supports de leurs administrations, les registres des bilans de leurs affaires, les instruments de leurs médias et les emblèmes de leurs territoires. Chaque pays colonisateur doit édicter sa langue comme un outil de communication exclusif et comme le symbole de son autorité incontestable sur sa part acquise du partage du continent africain. Avec l’implantation des langues coloniales, c’est toute une culture européenne qui va concurrencer, puis devancer, les coutumes locales des anciens modes sociaux. Les africains qui s’attachent à leurs habitudes ancestrales, ceux qui refusent de parler la langue et de vêtir les manières du colonisateur, seront considérés comme des conservateurs rebelles ou, franchement, comme des arriérés incultes.

Plusieurs siècles après son retrait de l’Afrique, la civilisation européenne refait son apparition dans le continent dans les temps modernes. Les européens reviennent plus déterminés que leurs aïeux antiques pour exploiter les richesses de l’Afrique, avec l’intention d’y demeurer pour toujours. Ils reviennent avec des armes, une administration et de la littérature. Ils reviennent en civilisateurs pour urbaniser les espaces vierges et pour aliéner les populations originelles. Désormais, les européens ne veulent pas des administrés à l’état aborigène, ils les veulent civilisés.

De leur coté, les africains n’auront pas d’autres choix que de se soumettre au régime colonial, de respecter ses lois et de s’accoutumer avec ses accords sociaux et ses stratégies politiques. Ils devront s’accommoder avec les mœurs de la civilité européenne intercalée sur leurs anciennes habitudes. Ils auront à apprendre les langues latines avec lesquelles ils vont parler, travailler, se cultiver et régler leurs affaires administratives.     

La modification de la sphère linguistique de l’Afrique est extraordinaire. L’Anglais est appliqué comme langue officielle en Égypte ou en Afrique du Sud. Le Français couvre le reste de l’Afrique du Nord, la région du Sahel, des territoires au centre et des îles au Pacifique. La langue de Molière pénètre en force pour bousculer l’Arabe, déjà incrustée dans la littérature de l’Afrique du Nord, et les multiples langages du parler local. L’Italien est employé dans des parties de la Libye et en Afrique de l’Est. L’Espagnol est introduit partiellement au Maroc et en Afrique Saharienne. Le Portugais est largement usuel en Afrique de l’Ouest. La langue allemande ne fera pas de longues racines en Afrique en raison des divergences politiques des Allemands avec les autres pays d’Europe. Ils seront exclus du projet de partenariat des puissances coloniales.

Bien qu’elle soit très cher payée, la richesse langagière et la culture occidentale qui l’enveloppe sont un acquis formidable pour les africains. Certes, la division du continent et la séparation des peuples avec des frontières et des langues ne sont pas le choix idéal, mais l’action coloniale a permis, tant bien que mal, de sortir l’Afrique de son isolement primitif. La littérature occidentale a connecté l’Afrique à la métropole du point de vue socioculturel, chose qui a facilité l’exécution des programmes économiques et consolidé les différents rapports entre les deux rives de la Méditerranée.

En dépit de la suprématie de l‘Arabe en Afrique du Nord, cette langue va être déclassée au rang de parler populaire, sans pour autant s’avérer comme une langue d’État. Elle se maintient en place par son attachement au mouvement littéraire oriental développé en Égypte et au Moyen-Orient. Toutefois, l’importance de l’Arabe demeure intacte grâce à son statut sacré de langue du coran. Les Nord-africains ont peut-être accepté d’embrasser la nouvelle culture, ils n’ont, cependant, jamais renoncé à leurs principes idéologiques islamiques. Les européens n’ont pas réussi à christianiser « l’Ifriqiya », ce n’était pas le cas des habitants des autres parties de l’Afrique. En majorité de conviction païenne, animiste ou agnostique, ces derniers ont été profondément modelés par la civilisation européenne. Du coup, ils sont occidentalisés dans leur forme socioculturelle et évangélisés dans leur contenu idéologique et cultuel.

L’Afrique du Nord va être entièrement convertie à la culture des colonisateurs. La littérature européenne va s’étendre partout dans « l’Ifriqiya ». Le terrain était presque vierge dans ce domaine. La littérature arabe écrite connut des allants de progrès par périodes et par endroits seulement. Il n’était pas possible d’instruire la totalité des tribus éparpillées dans ces contrées qui n’avaient pas de limites. Les moyens matériels et humains de l’époque faisaient obstacle à un exploit pareil. Il faut aussi rappeler que les Turcs qui ont gouverné dans cette province avant l’arrivée des européens ne se sont pas sincèrement investis dans la culture, encore moins dans la littérature. Le seul intérêt des Ottomans était l’exploitation des terres agricoles et le contrôle de la Méditerranée. D’ailleurs, cet empire était ironiquement décrit de « l’homme malade » pendant les derniers siècles de son existence, certainement à cause de sa sénilité et de son écroulement dans un chao économique.

Néanmoins, en l’absence d’une littérature arabe écrite performante, c’est l’oralité qui vient compenser à cette insuffisance artistique par le volume important des œuvres verbales enfouies dans la mémoire collective. En dehors des dialectes originaux, Amazigh et ses différentes variations, qui possèdent leur propre littérature orale et leur champ de communication communautaire privé, un autre type de langage parlé fait l’unanimité des orateurs Nord-africains. C’est la littérature orale folklorique, l’argot qui n’a pas d’écriture et pas de lois fondamentales à respecter. C’est la « Daridja », celle que les européens vont apprendre en premier car ils vont l’écouter partout. Elle est l’essence des vers des troubadours qui errent et leurs paroles qu’ils jettent aux foules qui les répètent. C’est une littérature orale typique introuvable ailleurs. Un jargon populaire fondé sur une stature arabe, parsemé d’expressions amazigh, de mots français, de locutions turques, de syllabes romaines, de terminologies maures, de terminaisons espagnoles et de termes sub-sahariens et africains.

En effet, c’est avec la « Daridja », la langue de tout le monde, que la littérature orale va se mouler aux coutumes des populations nord-africaines. Elle se manifeste en famille ou en public à travers des contes, des dictons, des adages, des proverbes, des anecdotes et surtout de la poésie. Transmise dans l’enchaînement des générations, cette poésie sera chantée puis affiliée dans des genres de musiques, comme l’Andalous, le populaire citadin ou le bédouin des steppes, qui sont des valeurs significatives du patrimoine immatériel local. Le cas de la « Daridja » est similaire aux nombreux dialectes des autres régions du continent africain, chacune a son propre jargon, sa propre littérature orale qui n’a pas été dérangée par l’arrivée des langues latines. Au contraire, elle s’en est inspirée pour s’épandre avec ses nouveaux mots, ses sons et ses tournures de voix.

Mais, malgré son usage amplement étendu, l’aspect oral de la « Daridja » ne lui accorde pas la reconnaissance d’une autorité académique. Et comme l’Arabe littéraire écrit languit dans des périodes de désuétude, c’est donc la langue coloniale qui va s’affirmer comme une langue nationale par excellence. Le même aboutissement se produit dans tous les pays d’Afrique. La littérature dans ces pays est reconnue par les limites des frontières géographiques qui les séparent et par l’univers linguistique qui les recouvre : Littérature francophone, anglophone, hispanophone ou lusophone sont des caractéristiques culturelles qui influent sur l’identité de l’individu africain.

Le programme d’enseignement mis en œuvre pour l’instruction des peuples africains durant la période coloniale a permis à ces derniers de maîtriser la langue de l’occupant comme un outil de communication quotidien et comme un avantage d’expression littéraire. Beaucoup d’Africains vont devenir eux-mêmes des écrivains, des journalistes et des lettrés passionnés actifs dans le monde de la littérature. La véritable littérature africaine moderne voit sa naissance à l’aube du 20eme siècle.

Au début, les textes émis par les écrivains africains consistaient à copier les styles et les formes des écritures des œuvres des grands classiques européens, lesquels étaient à la base de leur formation intellectuelle. Par la suite, il y eut des transformations profondes dans le contexte des produits écrits des livres, des journaux, des revues et des autres supports de communication audio-visuels. La littérature africaine devient un moyen pacifique de revendication politique.

D’une part, les intellectuels africains étaient influencés par la littérature européenne qui a accompagné le combat de la classe ouvrière qui réclamait l’amélioration de la situation sociale, déplorable en Europe pendant ce temps, et les conditions du travail semblables au traitement de l’esclavagisme. Malgré les pressions de l’administration coloniale, les écrivains africains dénoncent avec ferveur les pratiques féodales du régime colonial, impérialiste, partial à l’égard des populations autochtones. L’expression avec la langue du colonisateur leur permet d’exposer leurs préoccupations à l’opinion internationale. Nombreux écrivains, chroniqueurs et personnes d’arts et de culture européens vont rejoindre l’engagement de la littérature africaine, une cause qui va se développer pour réclamer le désengagement des européens de l’Afrique et la liberté totale pour les peuples de ce continent.

D’autre part, certains écrivains africains plongent dans le patrimoine culturel local en exploitant la littérature orale pour décrire l’originalité de la société africaine. Ce retour au terroir est un vrai dépoussiérage des étales de l’histoire pour sauver ce trésor de paroles millénaires du risque de sombrer dans l’oubli sous l’écrasement de la culture occidentale. Des romans lyriques racontent avec le verbe latin les épopées des anciens rois, les guerres et les conflits tribaux, les vices sociétaux ou les histoires amoureuses intimes. D’autres écrits, plus satiriques, rappellent des événements fâcheux liés à l’arrivée de « l’homme blanc » dans le continent. Le métissage désordonné qui a déchiré le tissu démographique africain d’une manière irréparable ou la déportation des africains à travers le projet de la traite négrière sont des tares honteuses que les écrivains évoquent comme des abus immoraux qui entachent la loyauté des européens et vont à l’encontre des principes de leurs républiques.

Les écrivains africains modernes qui s’expriment avec les différentes langues latines ont en commun la littérature africaine engagée pour la défense des peuples en mettant en valeur les traits de leur identité authentique et en restaurant le cheminement de leur histoire pour les mettre sous la coupe de la même mémoire collective. Ces langues étrangères demeurent indispensables en Afrique même après le départ du colonialisme du continent, la culture qui les accompagne est plus présente à travers les nouveaux moyens de communication et leur disponibilité dans tous les foyers.

L’indépendance n’est pas la souveraineté territoriale ou l’autogestion économique seulement, elle est l’autonomie morale et intellectuelle, la liberté de s’épanouir avec sa propre culture sans avoir à s’approprier des réflexes étrangers, parfois opposés, à la conception de sa personnalité originale. Des courants littéraires éclosent pour soutenir l’idée de l’indépendance physique et morale de l’Afrique : l’afrocentrisme met en avant l’idée de l’autodétermination culturelle, l’afro-futurisme  prévoit la redéfinition du patrimoine ancien en collaboration avec les arts modernes et les techniques de diffusion actuels, le panafricanisme vise à unir tous les africains pour former une puissance collective dans tous les domaines, ou encore le post-colonialisme, une théorie qui porte un regard critique sur l’impérialisme et réagit à l’héritage culturel des européens dans le but de créer du changement sur les empreintes léguées par les colons. Cette théorie comporte également des œuvres qui pointent du doigt les gouverneurs autoritaires actuels.

D’autres mouvements à caractère politico-culturel éclosent dans plusieurs régions de l’Afrique pour revendiquer le retour aux sources pour la revalorisation des coutumes locales et la défense des idéaux ethniques, les langues en premier lieu. Dans ce contexte, Tamazigh a réussi à s’inscrire comme une langue nationale au Maroc et en Algérie suite à un combat de longue haleine mené par des générations de cette communauté. Une académie est fondée pour le suivi de l’évolution de cette langue dans le Maghreb. Le Tifinagh remonte à la surface après des siècles de silence en reprenant sa place naturelle dans les tableaux des écoles de l’Afrique du Nord. Ailleurs, le Swahili est devenu une langue nationale en Tanzanie, le Wolof connaît un grand succès au Sénégal, l’Afrikaans défie la puissance anglophone avec des publications qui traitent de l’apartheid et de la culture africaine en général.

Ces remous politiques, ces bouleversements historiques, ces mouvances culturelles et ces modifications linguistiques font que la littérature africaine soit diversifiée, de plus en plus enrichie par le cumul des intrusions périodiques, et surtout lourde de sens avec des devoirs identitaires solennels à satisfaire et d’énormes challenges futurs à honorer, afin de certifier son existence comme une littérature libre, indépendante de toute médiation externe et de toute ingérence culturelle étrangère.

Abdelkader Guérine. Écrivain.

Auteur

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Abdelkader Guerine est un poète et écrivain algérien auteur de plusieurs recueils de poésie parus chez Dar El Gharb. Il est aussi journaliste après une longue carrière dans l'enseignement. Passionné aussi par l'art, il a fait également ses débuts dans la peinture pour exprimer des émotions étrangement douloureuses pour teindre les mots de couleurs riches de vie. Après son premier recueil, l'Ombre de l'eau, où l'auteur essaie de traduire poétiquement l'existence comme un cadeau dont l'homme n'est jamais satisfait, il n'est pas maître d'un destin qu'il n'a pas choisi, il subit le temps et passe comme une ombre à coté de la vie. L'Ombre de l'eau voulant simplement dire l'ombre de la vie. La Fumée du vent est un deuxième recueil que le poète livre avec des images somptueuses de rêves joyeux que la réalité ne sait pas admettre, car la vie est trop courte et éphémère pour porter le bonheur que l'éternité entière n'a jamais réussi à définir correctement.

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