Trait-d'Union Magazine

Femmes, je vous aime 

Spoliée de ses droits, la femme n’a d’autre alternative que de rester à la maison et se prépare dès l’enfance à se suffire du rang d’une épouse modèle et de se tenir sage derrière le tablier d’un délicieux cordon bleu. D’ailleurs, Il est écrit (sic) que sa place ne peut être qu’au cœur d’un foyer, doux foyer où elle se doit d’honorer son rôle de mère au foyer. L’unique rôle d’ailleurs et qui lui fait obligation d’être aux petits soins avec son mari et de le chérir… à sens unique. L’esprit « colonisé » de recommandations promulguées par de pseudos conseilleurs d’obédience médiévale mais qui ne sont pas les payeurs, la femme subit à son cœur et à son corps défendant, tant de frustrations. Et avec ça, c’est au tour de la jeune femme et mère usée de famille qui n’aura d’autre objectif que d’apprendre à sa progéniture féminine à se moulée dans le modèle de la soumission à son mari et à ses beaux-parents. Ce n’est qu’à cette condition que l’ordre régnera dans la famille.


Bordée à fleur de peau avec tout ce qu’il y a de mieux pour « Elle ». Entourée de prévenance et de roses odorantes des rosacées, dont il ne restera hélas que les épines au jour d’après. En ce sens, l’éclat d’une fête gravée de larmes et de colère sur le bloc éphéméride d’une journée de commémoration relève plutôt de lumière et de paillettes que d’une halte aide-mémoire. Les louanges et les compliments ainsi distillés sous les sunlights se dilueront encore une fois dans les réveils douloureux de lendemains de fête dans les endroits huppés de l’avenue Didouche-Mourad et des terrasses de Sidi-Yahia. Partant de là, la gueule de bois sera probablement au rendez-vous comme dans le conte « Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre » (1697) de Charles Perrault (1628-1703), où la femme, va devoir se rhabiller et céder l’auréole de la reine d’un jour pour redevenir « Elle » tout simplement. Une couronne, dont elle ne devrait jamais s’en séparer, eu égard à la lutte menée de longue haleine par ses aînées. Sinon, une parure de tête pour les femmes naguère de poigne, qui ont esquissées l’histoire de la jeune nation algérienne. En témoignent les épopées héroïques de Dihya dite la Kahina (688-703), de L’la Fatma N’Sumer (1830-1863) et Hassiba Ben Bouali (1938-1957), qui n’ont jamais baissées les bras face à l’ennemi d’hier, même dans les plus douloureux épisodes de leurs parcours. Un itinéraire d’ailleurs écrit en lettre de feu et de sang dans la mémoire collective de l’Algérie indépendante. Au demeurant, la suite, qui succédera au bouquet de bonnes résolutions débitées pour les besoins de la galerie par leurs homologues mâles, se dilueront lors de l’extinction des projecteurs.  Le minois dépareillé, les jours qui suivront n’en seront que plus amers devant tant et plus d’illusions. La tête lourde de discours fleuves utopiques et purement circonstanciels, sinon protocolaires. Le chignon crêpé et les mèches rebelles de la veille, vont se rapetisser contre les murailles du dédain et de l’intolérance des « Tristus ». Le fard si doux la veille, n’en sera que plus fendillé demain devant tant de poings serrés de rancœur. Le khôl, noyé par le chagrin, assombrira davantage le coup d’œil visionnaire. Charmée et honorée le 8 mars, elle regagne illico presto ses pénates sis au « statut de mineure à vie ».

« Elle » l’Algérienne d’hier

Si « les martyrs reviennent cette semaine[1] », elles nous conteront l’épopée » prestigieuse de l‘Algérienne combattante élevée à la dure à La Casbah d’Alger dont Ourida Meddad (1938-1957), Samia Lakhdari (1934-2012) ainsi que celles qui résistaient dans les massifs

montagneux de l’la N’Fatma N’Sumeur et d’autres héroïnes légendaires de la guerre de libération. Quelle et le « ouast-eddar » (cour centrale) d’une douera de la séculaire Casbah et d’une maison modeste des Aurès-Nemencha de l’Algérie profonde, qui ne comptent pas une Moudjahida de la cause nationale parmi ses membres ? S’il en est, les pierres de la sinistre forteresse de Barberousse, gardent encore les youyous de ces prisonnières qui accompagnaient la marche de leurs frères hommes vers l’échafaud de la cruelle guillotine. Elles étaient belles ! Disait-on dans le documentaire de la prison de « Serkadji[1] » (vinaigrier) ou « Barberousse[2], mes sœurs[3] » ! Autre acte héroïque, qui se souvient encore du cortège de ces femmes en « haïk », sorties dans la gaîté de l’indépendance aux cris de : « Bab El Oued, Dah el oued ». Un mot d’ordre de l’époque, lancé à la face de la soldatesque française et des pieds noirs des quartiers européens ! Le 8 Mars, c’est aussi la mémorable marche des femmes, un certain 22 Mars 1994, pour dire « barakat » (ça suffit) aux hordes sanguinaires qui ont endeuillées des veuves et des orphelins durant la décennie rouge et noir, c’est selon. Que gardons-nous de tout ça ? Rien ! Sinon un gâchis, dont pourrait bien se passer notre société. Un 8 Mars s’éteint un autre 8 Mars s’éveil avec son lot d’espoirs, éclos dans la rosée matinale d’un certain lendemain identique à celui d’hier ! Cultivez l’espoir mesdemoiselles et mesdames !


Références

[1] Titre d’une chanson de Paul-Alain Leclerc, dit Julien Clerc écrite par Jean-Loup Dabadie (1938-2020).

[2] « Echouhada Yaoudoune Hadha El-Ousboue » (Les Martyrs reviennent cette semaine) est une nouvelle de l’auteur dramaturge Tahar Ouettar (1936-2010) et adaptée sur les planches du théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (1897-1986).

[3]Film-documentaire sorti en 1982 de Hadj-Rahim (décédé en 2017).

[4] Située à Bab-Edjedid dans La Haute-Casbah, la prison a été bâtie en 1856 sur les anciens remparts ottomans.

[5]Un film-documentaire de Bouabdellah Hassen sorti le 3 octobre 1985, où les anciennes détenues de cette prison étaient invitées à une projection pour évoquer leurs conditions de détention.


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