Trait-d'Union Magazine

Entre programmes désuets, méthodes inappropriées, Et désintérêt des individus : Comment enseigner les langues étrangères ?

D’aucuns affirment qu’outre sa langue maternelle, il est important voire nécessaire pour l’individu de maitriser au moins une langue étrangère renforçant son potentiel et multipliant ses chances de réussite dans tout ce qu’il entreprend. Une seconde langue signifie une ouverture prometteuse sur un monde en perpétuelle évolution. En Algérie, les gens ont de moins en moins d’envie, de volonté et d’aptitude pour apprendre une langue étrangère, quelle qu’elle soit. A qui incombe la faute ?

La maîtrise d’une langue étrangère, surtout si elle est prépondérante et pratiquée par plusieurs populations à travers les quatre coins du globe, revêt une importance inégalée au sein de toutes les sociétés du monde. La raison est bien plus simple et saisie de tous dans la mesure où la mondialisation impose un nouvel ordre régissant désormais tous les échanges internationaux quel que soit le domaine d’activité.

De nos jours, tous les pays du monde, sans exception aucune, doivent être en état de communication permanente. Cette communication entre les différentes nations doit s’effectuer de manière continue de sorte que les échanges culturels, scientifiques, économiques, politiques, commerciaux et autres s’accomplissent dans les meilleures conditions qui soient. Tout ce dont nous évoquons expressément et sans ambages ne devient possible ou réalisable qu’avec une compréhension linguistique réciproque permettant à toutes les parties de se comprendre et s’entendre le plus naturellement possible. D’où la nécessité pour chaque nation de promouvoir l’apprentissage des langues étrangères chez ses propres individus pour garantir une continuité avérée d’échange à l’échelle planétaire. Invraisemblablement, cet échange se répercutera positivement sur tous les secteurs d’activité en les enjolivant de prospérité.

En Algérie, nos compatriotes n’entendent pas cela de cette oreille. Personne ne s’estime obligé d’apprendre une seconde langue ou d’encourager les autres à le faire en mettant à leur disposition les moyens nécessaires à ce genre d’apprentissage qui ne coûtent absolument pas cher. Certains voient en l’apprentissage des langues étrangères un déploiement d’efforts infructueux et une perte de temps. Il est évident qu’on méconnait l’apport inestimable que procure la maitrise d’une ou plusieurs langues étrangères. On ignore que l’apprentissage des langues étrangères est la première étape du lancement de tout processus visant le développement de toutes les institutions d’un Etat quelconque. L’apprentissage des langues étrangères contribue grandement à la facilitation de l’acquisition et l’assimilation de plusieurs savoirs dont le contenu est développé et extrêmement pointu. Des savoirs qui font actuellement de l’Occident un pôle de progrès pérenne et de civilisation florissante.

Un enseignement face à des écueils redoutables

S’il y a une réalité dont on est certain, c’est sans nul doute celle qui témoigne des obstructions énormes auxquelles font face les apprenants aspirant à maitriser une langue étrangère pour pouvoir l’utiliser quand ils en ont besoin. En Algérie, l’enseignement des langues étrangères bute sur des obstacles pour le moins paralysants. Chaque langue présente à ses apprenants un certain nombre de difficultés entièrement insurmontables pour des débutants qui commencent à peine à articuler les premiers mots d’une langue qui leur est nouvelle. Il est à signaler que les langues étrangères les plus enseignées en Algérie sont incontestablement le français, l’anglais et, dans une moindre mesure, l’espagnol, l’italien et l’allemand.

Le déficit enregistré en matière d’enseignement du français, considéré comme étant la première langue étrangère en Algérie, est imputable à la qualité de la formation qui reste très loin d’être à la hauteur des attentes des uns et des autres étant donné que le niveau des apprenants est en deçà des normes préconisées par les didacticiens. Les enseignants, dont la majorité a dépassé l’âge de 50 ans, suivent toujours les mêmes méthodes traditionnelles mises en place depuis belle lurette. Ils font toujours de l’élève un récepteur de notions dans un cadre purement théorique. Ils se basent encore sur un enseignement centré essentiellement sur l’écrit où le recours à la traduction est assez fréquent. L’apprenant n’est jamais mis dans une situation où il pourra réemployer ses acquis linguistiques. Cet état de fait pénalise continuellement ceux qui tendent désespérément à apprendre à bien parler et à bien rédiger dans une langue autre que leur langue maternelle.

Quant aux problèmes que rencontre l’enseignement de l’anglais, ils sont identiques à ceux dont souffre l’enseignement du français. Les apprenants se plaignent de la façon dont cette langue est enseignée. Ils estiment que tout ce qu’ils apprennent se volatilise du jour au lendemain parce qu’ils manquent de pratique et n’arrivent pas à utiliser les notions apprises de manière à pouvoir les mémoriser définitivement. La phonétique, élément vital dans l’apprentissage de l’anglais vu les transcriptions diverses y afférentes, est très médiocrement enseignée. Ce qui explique clairement la mauvaise prononciation dont font montre ceux qui sont en cours d’apprentissage de cette langue et même ceux qui se considèrent anglophones par excellence. S’ajoute à cela, l’absence de conversations, de dialogues et d’expressions écrites qui sont de véritables tests permettant l’évaluation des acquis de façon plus que pertinente.

Quant à l’espagnol, l’italien et l’allemand, on peut dire qu’il s’agit là de trois langues dont l’enseignement vient de faire son baptême de feu et se trouve encore dans son état embryonnaire. Les initiateurs de ce projet d’enseignement relatif aux trois langues précitées ne trouvent toujours pas la méthodologie adéquate permettant aux apprenants de se familiariser avec ces trois nouvelles langues en s’accoutumant à leurs génies et à toutes leurs particularités notamment celles qui sont d’ordre culturel.

Quelles perspectives pour les langues étrangères en Algérie ?

Le système d’enseignement des langues étrangères, adopté par le ministère de l’Education nationale et les différents centres d’apprentissage des langues, est à revoir dans sa globalité. C’est un système regroupant un ensemble de programmes consistant à transmettre des connaissances relatives à la langue selon une méthodologie ancienne et une répartition rigide qu’il ne faut pas omettre. L’apprentissage se mesure par le volume horaire et s’effectue à travers des stratégies cognitives majoritairement théoriques.

En ces temps de modernité indiscutable, il va falloir déclencher une révolution au sein de cette arène, réservée à l’apprentissage des langues étrangères, jusque-là méconnue. La désuétude ne rime pas avec un enseignement fiable, et c’est pour cela que tous les programmes et méthodes en vigueur devront disparaitre à jamais pour qu’un nouveau système voie le jour. Ce dernier devra se définir comme un ensemble de cours enseignés, selon une répartition adaptée au niveau de chaque groupe d’apprenants. Un système où toutes les connaissances, dont se forme chaque langue étrangère, seront transmises à travers des méthodes pédagogiques bien plus que développées.

D’abord, on a la méthode directe qui prohibe le recours à la traduction. C’est une méthode active qui consiste à acquérir une langue au contact de ceux qui la parlent. Puis, on a la méthode audio-orale qui met l’accent sur le choix des contenus à enseigner et sur la psychologie aussi. C’est une méthode qui favorise l’acquisition en ayant un recours fréquent à l’oral et à des exercices de répétition tout en apprenant les structures syntaxiques sous forme d’automatismes. Ensuite, vient la méthode structuro-globale- audio-visuelle qui vise à enseigner la parole en situation où la priorité est donnée à l’oral qui est perçu comme objectif principal d’apprentissage et comme support d’acquisition. Enfin, arrive l’approche communicative qui est une méthode privilégiant le document authentique qui permet un contact direct avec la langue réelle utilisée dans un contexte réel. Elle diversifie les apports théoriques et emprunte des concepts à d’autres disciplines comme la sociolinguistique, la psycholinguistique, l’ethnographie de la communication, l’analyse du discours, etc.

Ce sont, entre autres, des méthodes très bien conçues pour que l’apprentissage des langues étrangères devienne plus accessible et surtout adapté aux besoins des apprenants. Elles peuvent assurer un enseignement réussi, sur tous les plans, capable de former excellemment des centaines de milliers de personnes chaque année. Ces méthodes, en cas d’association avec des programmes d’enseignement plus compatibles aux capacités des apprenants, peuvent donner lieu à un modèle d’apprentissage idéal.

Devant ce retard qu’enregistre l’enseignement des langues étrangères au niveau national, l’Etat algérien doit agir pour rétablir l’ordre dans ce secteur. Il est appelé à mettre fin à ce système révolu. Il est aussi tenu d’introduire un nouveau système d’apprentissage doté de méthodes et de programmes aussi bien performants que riches en outils linguistiques utiles. Il doit aussi créer un conseil national dont la principale mission sera de suivre de près toutes les opérations d’apprentissage et évaluer les résultats réalisés.

Enfin, il est souhaitable que nos apprenants s’impliquent réellement et fournissent davantage d’efforts notamment en termes de lecture tout en sachant que cette dernière est l’unique clé du bon apprentissage.

Chroniques

Chroniques

Représentation poétique du paysage maghrébin dans Je te nomme Tunisie de Tahar Bekri

Par la poésie, Tahar Bekri célèbre les richesses naturelles et culturelles de la Tunisie à partir de laquelle se dévoile l’image du monde maghrébin. En prenant appui sur le recueil de poèmes Je te nomme Tunisie, le présent article se propose de démontrer le paysage tunisien comme reflet de l’univers maghrébin et d’insister sur la célébration du patrimoine culturel arabo-musulman.

Amerigo Vespucci l’hôte d’El-Djazair

Détrompez-vous ce n’est ni le car-ferry Tarek Ibn- Ziad ni le Corsica qui ont attirés les foules en cette soirée du mardi 20 juillet, celui qui déclencha les mille et une rafales des caméra et smartphones n’est autre que le chef d’œuvre de la marine militaire italienne. Le navire école le voilier Amerigo Vespucci, une pièce rarissime sortie directement des annales de la gloire des expéditions maritimes.

Mathilde, personnage trans-classe dans le pays des autres de Leila Slimani

Si le transclasse désigne l’individu qui opère le passage d’une classe à une autre[1], la classe peut signifier dans un sens plus large un genre, une nationalité, un milieu ou une identité sociale. Le transclasse fait ainsi l’expérience d’un mouvement par lequel il passe d’un milieu de départ vers un milieu autre, sans qu’il ne […]

Le parler algérien et la littérature : L’oral, une littérature qui refuse de dire son nom.

Historiquement, les anthropo-linguistes et les philologues qui s’intéressent aux anciens langages humains pensent que c’est le Berbère qui couronnait l’espace langagier oral en Afrique du Nord pendant l’ère antique. Ces chercheurs ont du mal à localiser cette langue maternelle dans le temps. Toutefois, on suppose que le Berbère ait été accolé progressivement avec les langues anciennes parlées autour du bassin méditerranéen à travers les interpénétrations humaines du voisinage, des voyages, du commerce et des guerres.

Écrire hors des frontières de la pensée 

Onfwan Fouad et le Middle East and North Africa Surrealist Group Onfwan Fouad est une poétesse, traductrice, conteur et artiste visuelle, originaire de la région d’Aurès, dans l’est de l’Algérie. Elle a été avocate pendant sept ans et a enseigné à l’université pendant des années. Son premier recueil de poésie (Godot mange ses doigts) a […]

Mildred Mortimer sur les traces des « Djamilat »

Engagée dans la quête de la liberté, individuelle ou collective, avec les armes ou la plume, le combat pour la dignité a de tout temps resté constant chez la femme algérienne. A travers son livre « Femmes de lutte et d’écriture », Mildred Mortimer, professeure émérite de l’université du Colorado, tente d’entretenir cette flamme libératrice allumée par les « Djamilat »…

L’enfant de cœur

Elle s’était levée effarée, tremblante, inexistante, son cœur palpitait en son intérieur, son sang bouillonnait dans ses veines et ses yeux ne pouvaient se fixer sur un seul cadre. Elle aurait aimé crier, hurler, s’essouffler, mais rien ne sortait. Elle aurait aimé partir, voler, s’enfuir, elle était enchaînée. Enfermement transparent, enchaînement silencieux, tout l’attachait à […]

Algériennes, mes sœurs

Mon père disait : « C’est la femme qui tient la maison debout. » Quelle que soit la catastrophe, guerre, guérilla, séisme, incendie… Quel que soit le désastre. Il disait : « Une femme tient la maison debout jusqu’au Jour Dernier. » Elle, femme, mère, épouse. Je dirai : « Une femme met au monde, elle tient le monde debout. Elle est la […]

Femme, messagère universelle

Cette proposition est un melting-pot entre mots et photos pour exprimer les questionnements actuels de la femme d’aujourd’hui. D’un côté, je considère que l’identité est importante car elle nous permet de nous construire mais de l’autre, elle nous limite également dans nos libertés d’âmes infinies. Je crois que la vie est un chemin qui nous […]

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

Zahia Benzengli : Colombe de Grenade et Azur d’Algérie

Bectant les restes d’une hirondelle au printemps, le pèlerin s’envole et prend l’allure d’un cygne. Ses pieds palmés battent la tour et quittent les ruisseaux, amour d’un vers et chemins croisés. À l’exil, eusse-t-elle été condamnée à errer, Zahia voltige depuis l’Alhambra, neige sur les bois et adoucit les mœurs d’un brouillard agaçant. Elle persiste au pied d’un mur qu’elle chouette d’une aile, éparse condition d’une oiselle à concerts acheminant le mordoré à l’herbe d’une œuvre. Quant aux moineaux de Grenade, qui firent des plaisirs de l’ambroisie un nectar à ouïr, ceux-là, trouvent en elle des vertus que les ombres du destin ont bien posées ici. Voilà une curieuse façon d’entamer l’odyssée d’une femme d’Algérie qui ravit de sa voix les cieux embaumés, Zahia Benzengli.


Suivez-nous sur les réseaux sociaux: