Trait-d'Union Magazine

Artiste plasticienne… Et la famille dans tout ça !

Cheffe d’entreprise avec un diplôme universitaire de droit en poche, je me souviens du jour où j’ai annoncé à ma famille que je voulais reprendre les études et faire les beaux-arts !

Une pluie de questions et de regards déçus s’étaient abattus sur mes ambitions. Pourquoi elle fait cela ? Pourtant elle a une vie stable et confortable, qu’est-ce qu’elle cherche au juste ? Elle est folle de croire qu’elle pourra un jour vivre de son art ! Les artistes meurent le ventre vide. Elle est folle ! Comment une femme veut pouvoir s’affirmer dans un domaine réservé aux hommes ? Benti – me demandait un parent intellectuel, proche de la famille – t’en connais-toi des personnes diplômées des beaux-arts et qui ont percé dans le domaine ? C’est fini tout ça Benti, nous sortons de décennies de dictatures qui ont avorté toutes les voix qui les dérangeaient, surtout celles des artistes… à moins d’un miracle l’art ne fleurira plus en couleur ici ! Les derniers plasticiens qui ont fait parler d’eux datent des années 70… Où sont-ils aujourd’hui ? En plus toi tu es une femme ! Je ne dis pas cela pour te vexer mais saches que dans ce monde tu vas devoir travailler deux fois plus que les hommes pour te frayer un chemin ! Tu dois impérativement avoir des ambitions démesurées et surtout te donner les moyens de les réaliser ! Te sens-tu d’aller jusqu’au bout de tes ambitions ? Il n’existera pas de demi-mesure pour toi… Tu ne dois jamais oublier que tu es une femme dans une société conservatrice. Mais tu seras paradoxalement un jour amenée à oublier que tu es une femme ou une mère, es-tu prête pour mener des batailles sur plusieurs fronts ? Est-ce que tu choisiras l’art à chaque fois que tu devras faire un choix ?

Le choix a été tout de suite fait. Ce fut la première fois où j’ai choisi l’art.

Jnayna le 15/02/2021

Par Dorra MAHJOUBI

Née à Tunis en 1990, Dorra Mahjoubi vit et travaille à Paris. Ses études universitaires artistiques ont débuté à l’Institut des beaux-arts de Tunis en 2013. Artiste polyvalente, Co-fondatrice des Rencontres Sauvages de la Poésie en Île de France, Dorra Mahjoubi chante, peint, dessine, fait de la performance, de l’installation, de l’art vidéo, écrit des poèmes et des articles. L’artiste choisit à travers les vieux portraits des femmes un retour aux sources : La femme source de vie. Entre le mythe orientaliste dans le livre de Flaubert « Salammbô » et le Bovarisme « Madame Bovary », Dorra mélange les titres, et les concepts afin de chercher à esquisser un portrait contemporain de « Madame Salammbô ».

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Auteur

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Directeur de la publication de Trait-d’Union magazine. Membre fondateur, Ex-président et actuel SG du CLEF Club Littéraire de l’Étudiant Francophone de l’université de Chlef. Journaliste et chroniqueur à L’hebdomadaire LE CHÉLIF. Membre du jury étudiant du Prix Goncourt choix de l'Algérie 1ère édition. Enseignant vacataire au département de français UHBC.

Ana Hiya !

Ana Hiya !

Cette mer est la mienne

La mer était toujours la solution !
Dans un paradoxe, de ce qu’est la mer pour nous, les peuples au-delà des mers, elle était toujours la solution !
Nous appartenons à ces mers et elles nous appartiennent … Quand tu t’enfuis vers elle, tu veux la vie, elle t’offre la vie.
Quand tu t’enfuis vers la mer pour une mort désirée, elle te guide vers la mort.

Itinéraires : Mouna JEMAL SIALA

De l’enracinement local au rayonnement continental, l’itinéraire de Mouna Jemal Siala est un modèle du genre : née à Paris, son enfance a connu plusieurs régions et plusieurs cultures, dans le sillage de la profession de son père, haut fonctionnaire, gouverneur et diplomate.

La littérature féminine d’expression Kabyle, rempart de la langue maternelle

Le paysage littéraire dans notre pays est en évolution permanente. Telle une prise de conscience, la femme s’est investie pleinement dans la production et œuvre ainsi à son essor. Cependant, ces dix dernières années, la littérature d’expression kabyle a connu une effervescence remarquable, particulièrement, avec l’émergence d’un nombre de plus en plus croissant d’auteures-femmes de romans écrits en leur langue maternelle, la langue chère à Mouloud Mammeri, Tamazight. Elles sont nombreuses, elles se comptent par dizaine, aux parcours et styles différents. Elles ont toutes cette chose en commun : l’envie d’écrire en sa langue maternelle !
« Ma langue chérie, je n’ai pu raconter l’histoire que par toi et je n’ai pu reconnaitre les choses que par tes mots ; je ne me suis réjouie avec les sens du parler que par tes dires, je m’aventure comme je veux et jamais je ne suis tombée dans le vide. Je n’ai pu prouver avec exactitude mon idée que par ta richesse et par la force de tes mots. », écrit Farida Sahoui, en s’adressant à sa langue maternelle dans l’un des chapitre de son livre écrit sur le Roi Jugurtha en trois langues (français, arabe, tamazight). A son compte trois livre depuis qu’elle a renoué avec sa plume en 2015. En effet, ses premiers écrits en Tamazight remontent aux années 90, des articles publiés dans le journal « Le Pays » (Tamurt).

Femmes du Maghreb, comme si cela datera d’aujourd’hui…

Il y a dans l’histoire de l’Humanité une vérité cachée qui n’est connue que par les avertis et les prévoyants. Ceux-là mêmes qui ne se laissent pas griser par les artifices de la « marchandisation » du monde. Mais cette vérité, quand bien même est altérée, voir muselée par les partisans du statuquo, ne saurait rester à jamais occultée. Et viendra le jour…

Un Cœur Exilé

Si les dernières années ont vu un vent de liberté souffler sur l’Algérie, une revendication cruciale peine à s’y faire accepter, comme un cheveu déposé sur la soupe du consensus : la question des droits des femmes semble éternellement problématique. Face à cette stagnation rageante, il est capital de continuer le combat afin d’améliorer la condition de la femme dans notre pays et au-delà.

Le pardon, la grâce des mères

En France les féminicides sont devenus une banalité médiatique. En écoutant la litanie des statistiques, je ne peux m’empêcher de revenir à mon enfance, et à ce sinistre jour bien particulier. Les souvenirs sont parfois aussi douloureux que les actes.

Ce qui reste de l’hiver

Longtemps, j’ai mis ma plus belle robe pour accueillir le 8 mars. Je me fardais avec subtilité, comme je sais si bien le faire, lâchais mes cheveux, mettais un manteau et des chaussures assortis et allais rejoindre deux ou trois copines pour un après-midi shopping, un café ou, parfois, un film à la Maison de la Culture. Je sais, vous trouvez ça ridicule, et peut-être que vous avez raison. Mais quand vous travaillez debout, du matin jusqu’au soir, tous les jours que Dieu fait, que vous devez supporter une marmaille d’enfants qui s’amusent ou se chamaillent pendant que vous vous tuez à leur expliquer le sens de telle phrase ou la moralité de tel texte, et que, une fois rentrée chez vous, vous devez vous occuper de deux mâles paresseux – votre mari et votre fils – eh bien, croyez-moi, vous guettez le moindre moment de détente. Quand, en dehors du 08 mars, ai-je le temps de voir mes amies ou d’aller à un gala ? Alors, pourquoi ne pas en profiter, mon Dieu ? C’est ce que je me suis dit pendant des années.

ROUGE IMPURE

Sang de mes menstrues. Sang de mes entrailles. دم الحيض. Sang cyclique. Sang impur, de la fille devenue femme. Femme-diablesse. Folle fieffée. Femme pécheresse. Âsiyah ! Ya latif, ya latif ! En ce premier jour de l’écoulement de mes menstrues, je serai confinée dans la pièce de mes supplices éternels, loin de l’odeur capiteuse du […]


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